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Loïck Peyron remporte la dixième Route du rhum

Le skippeur de « Banque-Populaire VII » a remporté, dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 novembre, la légendaire transatlantique, battant au passage le record de l’épreuve en 7 j 15 h et 8 min

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Publié le 10 novembre 2014 à 03h27, modifié le 19 août 2019 à 14h21

Temps de Lecture 4 min.

Sa septième tentative aura été la bonne. Trente-deux années après sa première participation à la Route du rhum à bord du petit trimaran La Baule-Teletota et trois abandons plus tard (1990, 1994 et 2002), Loïck Peyron a remporté, lundi 10 novembre, la plus populaire des courses transatlantiques dans la catégorie reine des Ultime, multicoques de plus de 60 pieds (18,30 m). Une victoire mais aussi un record. Parti le 2 novembre, le skippeur de Banque-Populaire VII, âgé de 54 ans, fait voler en éclats la précédente marque, ralliant Pointe-à-Pitre au départ de Saint-Malo en 7 j 15 h 8 min, soit un peu plus de deux heures de moins que Lionel Lemonchois en 2006 (7 j 17 h 19 min). « La dernière journée a été difficile, reconnaît Loïck Peyron. Le record, c’est anecdotique, c’est la cerise sur le bateau. »

Lire notre éclairage : Les géants des mers

La performance ferait presque oublier que le skippeur ne devait pas être présent à la barre du bateau ciel et blanc. Après avoir battu les records de la Route de la découverte (Cadix-Salvador) et de la distance parcourue en vingt-quatre heures en solitaire en 2014, Armel Le Cléac’h, skippeur titulaire et talentueux, apparaît fin août comme le favori de cette 10e édition de la Route du rhum. Mais dans une chute banale, le marin se blesse à la main. Bilan : section du tendon de son pouce droit.

A deux mois et demi du départ, Ronan Lucas, directeur de l’équipe, et Armel Le Cléac’h dressent une liste de remplaçants potentiels. Loïck Peyron, expert ès multicoques et ancien de la maison, s’impose comme « une évidence ». « Le bateau était prêt, donc il n’y avait pas de chantier prévu et Loïck a pu travailler sans interruption, explique Armel Le Cléac’h. Après, il a un certain savoir-faire. Il n’est pas le dernier des marins… »

Triple vainqueur de l’Ostar (Transat anglaise), double vainqueur de la Transat Jacques-Vabre, deuxième du Vendée Globe en 1990, double détenteur du Trophée Jules-Verne (record du tour du monde en équipage) sur Banque-Populaire V, recordman du Tour des îles britanniques… Loïck Peyron se présente comme l’un des marins les plus titrés de la planète, qui ne comptabilise pas les services rendus au développement des catamarans de la dernière Coupe de l’America au sein de l’équipe suédoise Artemis, aujourd’hui son principal employeur.

 >> Voir notre visuel interactif : La recette gagnante de la Route du rhum

Pourtant, après un abandon lors de la terrible édition de la Route du rhum 2002, Loïck Peyron s’était juré de ne plus jamais refaire du multicoque en solitaire. « Jamais dire jamais, non ? », lançait-il, bravache, quelques semaines avant le jour du départ, qu’il devait à l’origine prendre sur la réplique de Happy de Mike Birch. A bord du premier bateau vainqueur de la Route du rhum, en 1978, le marin avait décidé de se diriger au sextant et à la carte, autant dire à l’ancienne. « Je veux ressentir le vertige de l’incertitude sur l’eau, avoir le droit de me perdre et réapprendre à naviguer autrement », déclarait-il. « Le gars passait par là avec son petit bateau jaune quand on lui proposa le gros bleu. La vie, c’est comme ça ! », résume Sidney Gavinet, son concurrent sur Musandam-Oman-Sail.

678 m² de voilure

La passation de Happy à Banque-Populaire VII se fait en grande pompe dans le port de Lorient. « On ne trompe pas son bateau comme ça ! Ça va lui porter la poisse, c’est sûr », prédisaient les plus superstitieux sur le ponton. Mais le quinquagénaire, amateur de blonde qu’il inhale avec un petit fume-cigarette, appréhende surtout les efforts physiques à fournir pour tenir ce monstre de carbone de 100 pieds et ses 678 m2 de voilure au portant.

« J’ai failli me mettre sur le toit en m’endormant à la barre »

Guidé par Marcel van Triest au routage et Armel Le Cléac’h comme conseiller dans les manœuvres et le choix des voiles, Loïck Peyron ne dort quasiment pas dans les premiers jours de course, qu’il décrit comme « dantesques ». « J’ai failli me mettre sur le toit en m’endormant à la barre », confie le skippeur au troisième jour.

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>> Lire le portrait : Loïck Peyon, la voile royale

La pression de la course s’est, elle, vite relâchée. Quelques heures seulement après le coup de canon du départ, son principal adversaire, Thomas Coville, entre en collision avec un cargo dans le rail d’Ouessant. Le skippeur sort indemne mais laissera le flotteur tribord de Sodebo-Ultim’et une partie de sa coque centrale au fond de la mer. « Tout le monde attendait ce duel, même si Banque-Populaire était mieux armé », explique Franck Cammas, dernier vainqueur et ancien propriétaire du multi de Peyron.

« Mais j’étais déjà en tête », rappelait après l’accident Loïck Peyron, avec son flegme naturel. Il ne lui restait alors qu’à conforter son avance des premiers jours et contrôler son principal concurrent, Yann Guichard.

Après le passage des Açores, Banque-Populaire VII se laisse glisser dans les alizés. Et, d’une cinquantaine de milles d’avance, Loïck Peyron accentue l’écart à plus de 200 milles, laissant tout le monde dans son sillage jusqu’à son arrivée triomphale à Pointe-à-Pitre.

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