Dans son taxi, le chauffeur ne décolère pas : "Non mais, et puis quoi encore. Vous vous rendez compte, ils veulent mettre le diesel au prix de l'essence, décidément ils ne savent plus quoi inventer." Après trente ans de passion, les Français découvrent que le diesel, ça pollue et ça tue. Ah, le moteur diesel ! Que de discussions familiales consacrées à nos "chères bagnoles" il a pu engendrer. Il n'y était jamais question de santé mais d'économies.
"Achète français et prends un diesel. Tu paieras moins cher ton carburant, tu consommeras moins et ta voiture durera plus longtemps" : trente ans que mon père me tient le même discours. Imparables arguments ! Lorsque je lui faisais remarquer, il y a quelques années, que le diesel sentait tellement mauvais qu'il fallait rouler fenêtres fermées derrière ce type de véhicule, il se moquait gentiment de mes considérations olfactives qui, à ses yeux, ne pesaient pas lourd face à "tous les avantages du diesel".
PASSION FRANÇAISE
Et voilà qu'on nous annonce que cette passion française est une plaie écologique et sanitaire. Que le diesel est classé cancérogène depuis 2012 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et soupçonné de l'être depuis 1988 (entre-temps, le parc automobile s'est "diésélisé"... à mort). Que les particules fines émises par ces moteurs entraîneraient 42 000 décès prématurés (c'est-à-dire avant 65 ans) par an. Que la mort rôde tellement sur le bord de nos trottoirs qu'il faudrait envoyer à la campagne les femmes enceintes pour éviter qu'elles mettent au monde des bébés de trop faible poids.
42 000 décès par an... C'est précis, cela fait beaucoup et ça laisse pantois. C'est une peur de plus... Mais on n'en est plus à une près. Le diesel serait donc le troisième grand fléau après le tabac (73 000 morts par an) et l'alcool (49 000). Boire, conduire, fumer, le tout provoquerait 164 000 morts par an en France. Soit davantage que le nombre de décès annuels par cancer (146 000)...
Pauvres cumulards, qui roulent en diesel, qui fument ou (et) qui boivent plus d'un demi-verre d'alcool par jour (au-delà, c'est néfaste). On ne meurt plus "des suites d'une longue maladie" mais d'un cancer. Dira-t-on bientôt "mort du diesel" ?
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