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Le gouvernement reste ferme face aux chercheurs en colère

Après trois semaines de mobilisation en province, le mouvement Sciences en marche manifeste à Paris, vendredi 17 octobre.

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Publié le 16 octobre 2014 à 18h41, modifié le 19 août 2019 à 14h33

Temps de Lecture 3 min.

« On sent l’intérêt du public, des élus, des médias qui grandit au fil des jours sur l’avenir de la recherche et l’emploi », s’enthousiasme Patrick Lemaire. Ce biologiste de Montpellier est à l’initiative de Sciences en marche qui, depuis le 25 septembre, a mis sur les routes de France quelque 1 300 chercheurs. A pied, à vélo, ils convergent vers Paris, avec en point d’orgue la manifestation de vendredi 17 octobre.

« Ces trois semaines de voyage ont permis de sensibiliser le public qui comprend très bien notre message, qui n’est pas corporatiste. Nous posons à la société la question : quelle place accorder à la recherche et à l’enseignement supérieur ? », explique M. Lemaire.

Tous les syndicats, dont le premier d’entre eux, le Snesup, ont appelé à ce rassemblement. « Cette unanimité ne s’était pas vue depuis longtemps », souligne Franck Loureiro, secrétaire national du SGEN-CFDT, qui participe aux manifestations mais pas à la grève – « c’est contre-productif ».

Sciences en marche, avec simultanément la lettre ouverte de 710 directeurs d’unité de recherche adressée à François Hollande, va-t-il réussir, comme l’avait fait en 2004 Sauvons la recherche, un collectif né hors des syndicats ? A l’époque, 3 000 directeurs avaient menacé de démissionner, faisant reculer le gouvernement sur les coupes budgétaires annoncées.

« Il se passe quelque chose »

Dix ans plus tard, les problèmes sont les mêmes, voire plus graves. Sauvons la recherche est en sommeil et la combativité des universitaires sérieusement émoussée. Le cuisant échec de 2009 avec une longue grève qui s’était déroulée dans l’indifférence générale a laissé des traces et traumatisé la communauté.

« On a l’impression que cette fois, il se passe quelque chose, on mobilise bien au-delà des habitués », veut croire Alain Trautmann, fondateur et porte-parole de Sauvons la recherche. En tête du cortège, défilent des sommités scientifiques, membres du comité scientifique du CNRS ou de l’Académie des sciences, institution qui avait d’ailleurs, dès décembre 2013, lancé « un cri d’alarme sur le financement de la recherche ».

Ils ont trouvé, dans le Parti socialiste, un opportun relais. Isabelle This-Saint-Jean, secrétaire nationale du PS chargée du secteur mais aussi ancienne présidente de Sauvons la recherche, a réclamé 500 millions d’euros de plus au budget 2015 lors d’une conférence de presse, mardi 14 octobre. « Le gouvernement a sous-estimé la dégradation de la situation financière des organismes de recherches et des universités, qui ne peuvent plus recruter de jeunes chercheurs. L’âge d’entrée dans la profession ne cesse de reculer, il est de plus de 33 ans dorénavant, argumente Mme This Saint-Jean, qui suggère de réduire un peu le crédit impôt recherche, qui coûte chaque année à l’Etat 6 milliards d’euros. »

« Nous, on parle de l’avenir »

« Il n’en est pas question, il y a un arbitrage ministériel », rétorque Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche. « Tout au plus le Parlement, lors du débat sur la loi de finances pour 2015, pourrait le plafonner. Nous avons réussi à sanctuariser les crédits recherche au même niveau que l’an passé, ce n’est pas si mal, poursuit-elle. Mes collègues européens aimeraient en avoir autant. »

« Je constate d’ailleurs avec la moisson de récompenses – Nobel de physique, d’économie, et médailles Field – que la recherche française ne se porte pas si mal », se félicite la secrétaire d’Etat. Ce raisonnement a le don d’agacer les scientifiques : « La plupart des récipiendaires ont plus de 60 ans, nous, on parle de l’avenir », répond, cinglant, Patrick Lemaire.

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Mais si le mouvement réussit à rallier les étudiants – deux syndicats le soutiennent déjà –, nul doute que le gouvernement y sera très attentif. Rien n’est pire que d’avoir ces derniers dans la rue.

La mobilisation n’est d’ailleurs pas seulement française. Le syndicat Etuce (European Trade Union Committee for Education), qui regroupe 129 syndicats de 45 pays européens, a appelé mardi à mettre en œuvre des politiques nationales de recrutement ambitieux dans l’enseignement supérieur et la recherche.

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