Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, est-il prêt à abandonner son projet de référendum du 5 juillet sur les propositions des créanciers de la Grèce si l’Eurogroupe décidait de répondre positivement à ses nouvelles demandes d’aide financière, comme le laissaient entendre, mardi soir, certaines sources européennes ?
Le scénario pourrait devenir réalité, alors que le Financial Times a publié mercredi 1er juillet une lettre envoyée par le premier ministre grec à l’Eurogroupe, dans laquelle il se dit prêt à accepter la plupart des réformes requises par les créanciers – avec seulement quelques amendements – en échange des prêts et un engagement à renégocier sa dette.
Ce revirement d’Athènes devrait être discuté mercredi à 17 h 30, alors que les ministres des finances de la zone euro doivent s’entretenir à nouveau sur le dossier grec. Coté allemand, la ligne dure reste d'actualité, le ministre des finances Wolfgang Schäuble a ainsi appelé la Grèce à « clarifier ses positions » avant d'éventuelles nouvelles négociations sur un renflouement du pays.
Cette volte-face héllène fait en tout cas peser un doute considérable sur le référendum. A quelle question les grecs vont ils devoir répondre, dès lors que la proposition d'accord sur laquelle ils devaient se prononcer aurait été acceptée par M. Tsipras ? Plus tôt dans la journée, Athènes avait déjà donné des signes de compromis, en remettant en cause la tenue du référendum. Selon nos informations, le ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui maintenait jusque-là une ligne très dure, avait ainsi proposé de revenir sur la décision d’organiser un référendum contre des concessions des créanciers concernant la dette grecque.
« C’est une question politique »
Mardi soir, s’exprimant à la télévision publique grecque, le traditionnellement très discret vice-président du gouvernement, Yannis Dragasakis, avait déjà donné des signes d’ouverture, déclarant qu’« un gouvernement ayant décidé d’un référendum peut aussi bien décider d’autre chose ensuite ». « C’est une question politique », avait-il souligné, tout en défendant la nécessité de continuer à négocier pour trouver un accord. M. Dragasakis a aussi rappelé que l’initiative du référendum n’avait été lancée que « pour obtenir un accord respectant certains critères. »
Le chef des négociateurs grecs, Euclide Tsakalotos, ainsi que le ministre de l’économie et de la croissance, Georges Stathakis se situaient également sur cette ligne favorable à un accord avec les créanciers, à condition d’obtenir une renégociation de la dette publique grecque.
Cette proposition d’Athènes de suspendre le référendum survient alors que les derniers sondages montrent la position difficile du gouvernement Tsipras, qui soutient toujours officiellement un « non » aux propositions des créanciers. Si les enquêtes d’opinion donnent toujours le « non » vainqueur, l’écart s’est tout de même réduit ces derniers jours.
Selon une enquête de l’institut ProRata pour le quotidien Efimerida Ton Synatkton, publiée mercredi 1er juillet, le « non » recueille 54 % des intentions de vote, contre 33 % pour le « oui ». Ce sondage a été réalisé sur plusieurs jours, étalés avant et après l’annonce des mesures de contrôle des capitaux qui ont contraint depuis lundi 29 juin les banques à fermer et plafonné les retraits journaliers aux distributeurs automatiques.
Alors que le « non », préconisé jusqu’à présent par M. Tsipras, était crédité de 57 % des intentions de vote avant les mesures de contrôle des capitaux, il est passé à 46 % après l’entrée en vigueur de ces mesures, précise l’institut. Dans le même temps, la part de partisans du « oui » a progressé de 30 % à 37 %.
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