Une erreur, ça peut arriver à tout le monde, même à la justice britannique. Amnesty International en a fait l’expérience en recevant récemment un courriel du président de l’Investigatory Powers Tribunal (IPT), la cour chargée des services de renseignement britanniques. Dans son message d’excuses, ce dernier expliquait que dans un jugement récent, le tribunal avait confondu Amnesty avec une organisation non gouvernementale (ONG) égyptienne de défense des droits de l’homme.
Le tribunal avait reconnu, le 22 juin, que le Government Communications Headquarters (GCHQ — littéralement le « Quartier général des communications du gouvernement »), la puissante agence de renseignement chargée des écoutes, avait mis sur écoute Amnesty international ; une surveillance théoriquement légale, mais dans laquelle plusieurs règles de procédure n’ont pas été respectées. En raison d’une confusion dans la nomenclature utilisée pour désigner les plaignants, c’est l’organisation égyptienne qui a été présentée initialement comme victime.
Eric King, le président de l’ONG Privacy International, qui ferraille depuis des années contre le GCHQ, a estimé que cette confusion était « grotesque » :
« Cela met bien en évidence le problème avec les tribunaux secrets, où seule une partie peut examiner les preuves. Cinq juges expérimentés ont inspecté des preuves secrètes, vraisemblablement sans les comprendre, et ont rendu un jugement qui s’est révélé faux. Nous devons comprendre pourquoi et comment cela a été possible. »
Sur le fond, Salil Shetty, le secrétaire général de l’ONG a vivement réagi, dans un communiqué :
« C’est scandaleux que ce qui a été souvent présenté comme les pratiques des dirigeants despotiques ait lieu sur le territoire britannique, par son propre gouvernement ! Comment pouvons-nous espérer mener notre travail crucial dans le monde entier si la correspondance que nous avons avec les défenseurs des droits de l’homme et les victimes d’abus peuvent finir entre les mains du gouvernement ?! »
C’est en effet sur des points de détail que le tribunal a jugé la surveillance menée par le GCHQ illégale, et rendu du même coup ladite surveillance publique. Les juges ont estimé que l’espionnage de l’une des plus grandes ONG de défense des droits de l’homme par une grande démocratie occidentale était parfaitement légal.
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