« Démon », « amibe », « organisme vivant » : les qualificatifs habituels ne suffisent plus pour décrire l’ampleur et la particularité du « Rocky Fire », le plus important incendie qui ravage actuellement la Californie. En sept jours, ce feu a brûlé plus de 263 km2 de forêts et autres champs, soit plus de deux fois la superficie de Paris, selon l’organisme de prévention des feux en Californie (Calfire). Circonscrit à seulement 12 %, il continuait de progresser jeudi 6 août.
Sa violence et ses revirements imprévisibles étonnent et inquiètent les médias américains, qui tendent à le décrire comme une entité douée d’une volonté propre. « Le Rocky fire est devenu une flambée de désirs déconcertants, déroutant les autorités par sa nature changeante que ni les modèles informatiques ni les simulations ne peuvent prédire », écrit avec verve le Los Angeles Times, qui va plus loin en affirmant que l’incendie a créé « son propre système météorologique ».
Une « amibe » générant son propre vent
Le mouvement d’air créé par le feu lui permet en effet de s’autoentretenir en générant un vent interne, propre à l’incendie. Le Rocky fire agit ensuite comme une machine aspirant chaleur, énergie et humidité pour les projeter en l’air. Le nuage ainsi formé retombe alors au sol – sous l’effet de son propre poids ou d’une baisse de température –, apportant avec lui flammes et coups de vent se dispersant dans toutes les directions.
Le quotidien de Los Angeles explique qu’un expert du feu a comparé son comportement à celui d’un « enfant sautant dans une flaque – excepté qu’à la place de l’eau se projetant dans tous les sens, il s’agit de feu, de chaleur et de cendres accompagnés de vents allant à une vitesse de 80 km/h ».
Le quotidien local SF Gate explique que l’incendie a même réussi à franchir une autoroute, alors que les pompiers espéraient que l’épaisse bande de bitume agirait comme une barrière naturelle face à l’avancée des flammes. Et de citer un responsable du département des forêts et de protection contre les incendies en Californie : « C’est comme une amibe. (…) C’est fou, le comportement de ce feu est fou. (…) C’est presque comme s’il était en train de manger – c’est comme ça que certains de nos gars l’ont décrit. »
Un feu « sans précédent »
Dans les différents médias, les pompiers, abasourdis, témoignent. « Je suis pompier depuis presque vingt ans, et j’ai même entendu des collègues de trente ou quarante ans d’expérience dire que c’était sans précédent », a confié l’un d’entre eux à la télévision locale KCRA.
Sur un terrain très escarpé et difficile d’accès, plus de 3 200 pompiers étaient mobilisés, avec 301 engins au sol, 19 hélicoptères et 4 avions bombardiers d’eau. Dans l’ensemble de l’Etat, 10 000 pompiers luttaient contre une dizaine de gros incendies.
Depuis le début de l’année, les services de lutte contre les incendies se sont battus sur 4 200 feux de forêts, petits et grands, soit environ 1 500 de plus de d’habitude. La gravité de la situation et la mort d’un pompier le 30 août ont poussé le gouverneur de l’Etat Jerry Brown à décréter l’état d’urgence.
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