Ce qu’il en coûte d’accuser un ex-probable candidat à la présidence de la République de tentative de viol ? Il a fallu quatre ans à Tristane Banon pour faire les comptes. Bilan : une réputation. Autant dire une vie, quand on évolue comme la jeune écrivaine dans le petit monde médiatico-germanopratin. Cette affaire – elle en parle comme de son « cancer » – hante sa vie quoi qu’elle en dise. Même quand elle affiche dans la presse people ses cinq mois de grossesse, son compagnon footballeur, ses 35 ans et ce qui ressemble à un semblant d’équilibre.
Son existence a irrémédiablement basculé lorsqu’elle a déposé plainte contre Dominique Strauss-Kahn (DSK), le 6 juillet 2011, pour des faits remontant au 11 février 2003. Elle y racontait en détail comment celui qui n’était encore que député PS du Val-d’Oise l’avait attirée dans un appartement vide prêté par l’un de ses amis, rue Mayet, dans le 6e arrondissement de Paris, et aurait entrepris de déboutonner son jean. L’enquête n’a pas établi la « tentative de viol », mais le parquet a estimé que « s’agissant des faits reconnus par leur auteur, dont la connotation sexuelle n’est pas discutable, ceux-ci ne peuvent s’analyser autrement qu’en délit d’agression sexuelle ». Pas un jugement, certes. Mais la reconnaissance d’un délit prescrit par le parquet, en l’occurrence « un baiser », selon DSK. « Je suis satisfaite, élude Tristane Banon aujourd’hui. Je suis la seule tache sur son CV judiciaire. »
La mauvaise réputation
Elle qui commençait à se faire un petit nom dans le milieu de l’édition (elle a publié quatre romans entre 2004 et 2011, un seul depuis) voit sa carrière s’enliser. En juin, elle quittera France Bleu. Elle y tenait depuis deux ans un agenda culturel et une chronique hebdomadaire dans laquelle elle déclamait des « lettres d’amour » à des personnalités (Karl Lagerfeld, Valérie Trierweiler, Philippe Tesson…). Elle en a fait un recueil, Love et cætera (éditions L’Archipel), passé presque inaperçu : « Avant cette histoire, je vendais beaucoup plus de livres. Il y a un gros snobisme des milieux littéraires, qui n’aiment pas les “people”. » Depuis toujours, elle rêve d’animer une émission de débats mais constate que « c’est difficile pour une chaîne de télé ou une radio d’avoir quelqu’un d’aussi clivant qu’[elle]. Ça fait du bruit à l’embauche, mais, à soutenir dans le temps, c’est toujours compliqué. Au bout de la quinzième attaque, on élimine le problème. »
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