Le gouvernement de la République populaire a annoncé, jeudi 5 mars, un objectif de croissance d’environ 7 % pour l’année 2015. Il s’agit pour Pékin de la traduction concrète de la « nouvelle norme » pour l’économie chinoise, une formule adoptée depuis un an afin de prendre acte du net ralentissement chinois, tout en rassurant le peuple sur le fait que cette décélération reste sous contrôle.
La deuxième économie de la planète avait déjà terminé l’année 2014 à 7,4 % de progression de son PIB, son rythme le plus faible depuis 24 ans, en deçà de l’objectif de 7,5 qu’avait établi l’Etat-parti. Comme l’an dernier, le premier ministre, Li Keqiang, prend d’ailleurs la précaution de faire précéder cet objectif de la mention « zuoyou », « environ », même s’il est désormais clair que les 7 % sont le palier auquel s’accroche la Chine.
Temps difficiles
Sous l’étoile rouge du Grand palais du Peuple, devant un parterre de près de 3 000 officiels, le chef de gouvernement a reconnu dans le vocabulaire compassé qu’il convient d’employer en ouverture de la session annuelle de l’assemblée des huiles du Parti communiste, que les temps se révèlent plus difficiles qu’anticipés.
« Des problèmes profondément ancrés dans le développement économique du pays deviennent plus évidents. Les difficultés que nous rencontrons cette année pourraient être plus grandes que l’année précédente » a estimé M. Li. Il a également constaté : « La route de la reprise mondiale a été éprouvante, faite de nombreux hauts et bas, et les performances des grandes économies ont divergé ».
En conséquence, le premier exportateur mondial est également moins ambitieux quant à la progression de son commerce extérieur, qu’il voit gagner 6 % en 2015. Le volume des échanges de la Chine avec le reste du monde n’avait gagné que 3,4 % l’an passé, alors que l’objectif affiché était d’une croissance de 7 %.
Feuille de route
Face à cette réalité, le gouvernement chinois entend démontrer qu’il a une feuille de route claire. Li Keqiang évoque désormais une croissance « bimoteur », en référence au pilier traditionnel de croissance qu’est la dépense publique, qui doit être complétée par l’entreprenariat populaire. Il promet de moderniser le premier domaine en basculant progressivement d’investissements massifs dans les infrastructures à davantage de services publics à la personne.
Pour ce qui est du privé, M. Li promet de réduire les domaines dans lesquels l’état restreint les investissements. Il promet de laisser davantage d’espace aux banques privées, à l’heure où les géants du web Tencent et Alibaba proposent déjà des services en ligne concurrençant les banques d’état traditionnelles. Il annonce également l’élargissement prochain à la bourse de Shenzhen, deuxième place de Chine continentale, d’un programme ouvert à l’automne dernier permettant aux investisseurs basés à Shanghaï d’investir dans des actions cotées sur la place ouverte à l’international qu’est Hong Kong et vice-versa.
Après avoir créé une zone dite de libre-échange dans l’est de Shanghaï, Li Keqiang confirme par ailleurs, sans donner de date, la création de trois nouvelles zones similaires dans les provinces du Guangdong et du Fujian (sud-est) ainsi que dans la ville de Tianjin. Le bilan de la zone de Shanghaï, inaugurée à l’automne 2013, demeure très mitigé. Un sondage publié mercredi par la Chambre de commerce des Etats-Unis en Chine montre que 73 % des entreprises américaines ne trouvent « pas de bénéfices concrets » à cette zone.
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