La situation catastrophique du géant français du nucléaire, Areva, sucite l'inquiétude de la presse française, jeudi 5 mars. Temporisant sur le volet social de son redressement, le groupe a dévoilé, mercredi, la première phase de sa thérapie de choc avec un plan d'un milliard d'euros d'économies. Le rapprochement avec EDF, appelé de ses vœux par le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, semble convaincre plusieurs éditorialistes.
« C'était un fleuron, c'est devenu un boulet », estime Jean-Marcel Bouguereau de La République des Pyrénées au lendemain de la révélation des « pertes colossales » de l'entreprise de 4,8 milliards d'euros en 2014. Celles-ci « ont fait l'effet d'une bombe », rappelle Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne.
« L'heure appelle un traitement de choc »
Dans Les Echos, David Barroux file la métaphore médicale : Areva n'est pas « un groupe malade, mais bien un industriel en phase quasi terminale ». Et s'il n'est pas encore mort, il pourrait toutefois mourir. « L'heure appelle un traitement de choc », poursuit le quotidien économique. A ses yeux, « l'une des urgences est que le groupe travaille de façon bien plus étroite avec EDF — son principal client ».
Une fois n'est pas coutume, cette opinion est partagée par Paule Masson de L'Humanité. « La feuille de route du redressement est floue », écrit cette dernière, mais le rapprochement avec le producteur et fournisseur d'électricité est une « idée de bon sens ». Selon elle, un « grand débat démocratique » doit être organisé sur ce sujet.
Dans les colonnes de Ouest-France, Pierre Cavret juge quant à lui que « les deux groupes sont condamnés à conquérir ensemble des marchés devenus ultra-concurrentiels à l'international ». Le regard est tourné vers la Chine : « L'eldorado du charbon. Et du nucléaire. »
Quel avenir pour le groupe ?
Philippe Waucampt pointe du doigt dans Le Républicain lorrain que « c'est autant la défaillance des pouvoirs publics – actionnaires à hauteur de 87 % – que le “retournement de cycle” subi après [la catastrophe nucléaire de] Fukushima, qui ont mis Areva dans une situation de vulnérabilité absolue ».
« Même avec le traitement de choc que compte s'infliger [le groupe], rien n'indique qu'[il] se prépare un avenir doré », pronostique Olivier Pirot dans La Nouvelle République du Centre-Ouest.
Seul Guillaume Goubert de La Croix se montre optimiste : « L'entreprise a besoin d'être réorganisée, reconfigurée. Mais prenons le pari : elle va repartir de l'avant. »
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