C’était un insatiable voyageur. Après une vie passée à sillonner le monde, Michel Renaud avait fait de sa passion un grand rendez-vous culturel en créant à Clermont-Ferrand, en 2000, le Rendez-vous du Carnet de voyage. Lors de la dernière édition, en novembre 2014, il y avait invité Cabu. Et c’est pour lui rendre ses dessins que Michel Renaud avait fait, mercredi 7 janvier, le déplacement à Paris. Invité à assister à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo, il a été tué lors de l’attaque. Il avait 69 ans.
Dans une première partie de sa vie professionnelle, Michel Renaud a été journaliste, notamment à Europe 1 et au Figaro. En 1982, il a alors 37 ans, il répond aux sollicitations du maire socialiste de Clermont-Ferrand, Roger Quilliot, qui cherche un directeur de la communication pour la ville.
Le défi est de taille : la capitale auvergnate entre dans une série de plans sociaux Michelin qui plombent son image. Avec son visage de poète et son œil où perçait souvent l’ironie, le nouveau venu réussit à fédérer des personnalités d’horizons divers au service de la ville. Il n’est pas pour rien dans la nouvelle identité que Clermont-Ferrand a réussi à se forger.
Après la direction de la communication, Michel Renaud devient directeur adjoint du cabinet de Serge Godard, le successeur de Roger Quilliot à l’hôtel de ville, jusqu’à sa retraite en 2010. Deux jours après avoir quitté son bureau, il embarque femme et enfant et met le cap pour un an sur l’Asie centrale. Un long voyage dont il régale les Clermontois à travers diverses expositions.
La rencontre avec Cabu aurait dû avoir un prolongement lors du prochain Rendez-vous du Carnet de voyage. « On va faire quelque chose ensemble », avait promis le dessinateur. Le secrétaire général de l’association organisatrice, Il faut aller voir, portera peut-être l’idée à son terme. Invité lui aussi à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo, Gérard Gaillard, qui accompagnait Michel Renaud à Paris, mercredi, a eu le temps de se jeter à terre au moment de la fusillade et a eu la vie sauve.