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Pour Juncker, « un non des Grecs au référendum serait un non à l’Europe »

Le président de la Commission européenne a appelé, lundi, à en finir avec « la partie de poker menteur » et s’est estimé « trahi » par la décision d’Alexis Tsipras. Une déclaration qui n’a pas ému les autorités grecques.

Par  (Bruxelles, bureau européen),  (Bruxelles, envoyé spécial) et  (Bruxelles, bureau européen)

Publié le 29 juin 2015 à 12h32, modifié le 29 juin 2015 à 15h47

Temps de Lecture 5 min.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker devait, lundi dans la journée, lancer une « campagne de la vérité », pour « vendre » aux Grecs l’accord qui était proposé à Alexis Tsipras.

La semaine qui s’ouvre s’annonce explosive dans la zone euro. Impensable il y a quelques jours encore, le scénario d’une sortie grecque de l’union monétaire hante désormais tous les esprits. Depuis l’annonce, vendredi 26 juin, par le premier ministre grec, Alexis Tsipras, d’un référendum et l’Eurogroupe de samedi 27 juin, qui s’est soldé par la rupture des négociations entre Athènes et ses créanciers, la perspective d’un « Grexit » se rapproche à grands pas.

Lundi, à la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dont la réaction était très attendue, a longuement pris la parole devant les journalistes. D’un ton inhabituellement grave, il a évoqué l’enjeu et l’urgence, appelant les Grecs à exprimer un vote proeuropéen lors du référendum.

« Il ne faut pas se suicider parce qu’on a peur de la mort », a lancé le président de la Commission, appelant le peuple grec à « voter oui, quelle que soit la question posée ». Un « oui » signifiant, dans son esprit, un refus de se distancier de la zone euro et de l’Union. Le contraire, « serait désastreux pour la suite des événements, a-t-il prédit. Un non des Grecs au référendum serait interprété comme un non à la zone euro, un non a l’Europe ».

« Je ne voulais pas voir Platon jouer en deuxième division »

« Quand j’ai commencé ma carrière européenne, en décembre 1982, l’Europe comptait 10 Etats membres et la Grèce venait d’adhérer. J’étais heureux de la voir nous rejoindre. Je ne voulais pas voir Platon jouer en deuxième division », a insisté l’ancien premier ministre luxembourgeois. Qui a dit espérer que la Grèce resterait dans la monnaie unique et dans une Europe qui est « le lieu de la recherche patiente de l’intérêt commun et non le théâtre où s’affrontent les intérêts nationaux ».

M. Juncker a ensuite invité à ce qu’il soit mis fin à « la partie de poker menteur » qui se déroule actuellement, affirmant que les Européens seraient, à la fin, « tous gagnants ou tous perdants ». Sans citer nommément quiconque, il a fustigé « les égoïsmes, les jeux tacticiens, voire populistes ».

Il a été plus direct en se disant « trahi » et « déçu en tant que personne » lorsqu’il a appris l’intention du premier ministre Alexis Tsipras d’organiser un référendum alors que devait se négocier, au sein de l’Eurogroupe, la dernière version du plan d’aide à la Grèce, samedi 27 juin. « Je ne lui ai pas parlé depuis lors » a indiqué le président, confirmant qu’il n’y aurait pas de nouvelles propositions faites à Athènes mais qu’une négociation restait possible.

Au passage, le chef du collège européen a rendu hommage aux dirigeants d’autres pays en difficulté – l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, la Lettonie – « qui ont montré leur sens des responsabilités et ont su prendre des décisions difficiles ».

« Ce plan n’a jamais été à prendre ou à laisser »

C’est parce que, selon lui, la population grecque – « chère à mon cœur » – doit « voir plus clair » et qu’il estime que Bruxelles « ne mérite pas toutes ces critiques », que M. Juncker a donné sa version du plan qui était sur la table avant la réunion avortée des ministres des finances, samedi. « Ce plan n’a jamais été à prendre ou à laisser », a-t-il affirmé. Et s’il est « exigeant » il est aussi « honnête » : il ne viserait donc pas à diminuer les retraites les plus faibles, serait socialement équitable, garantirait un revenu minimum et viserait et rendre plus moderne et plus transparent le secteur public. « Il n’est pas inspiré par une austérité stupide », a encore insisté M. Juncker, mais bien par une volonté de lutter contre la corruption ou d’instaurer une administration fiscale indépendante.

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Dans une dernière partie (en langue allemande), M. Juncker a indiqué que le processus en cours en était « presque à sa dernière minute ». Un sommet de la zone euro pourrait encore être convoqué pour approuver un accord mais « un moment de vérité » approche.

Si le peuple grec dit oui aux propositions de la Commission, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, le message reçu signifiera que « la Grèce veut rester dans la zone euro et dans l’Union » a encore indiqué le président, soulignant qu’une majorité de Grecs voulaient, selon des sondages, rester membres de l’Europe communautaire.

Mais les déclarations du patron de la Commission européenne n’ont pas ému les autorités grecques, qui, dans une déclaration lapidaire, ont dit douter de sa « sincérité ». « La [preuve] nécessaire de bonne foi et de crédibilité dans une négociation est la sincérité », a ainsi souligné le porte-parole du gouvernement, dans une sommaire déclaration écrite en réponse à l’intervention de M. Juncker.

Suivez dernières infos et reportages sur la crise grecque avec nos journalistes :

« Un sommet européen est très improbable »

Le patron de la Commission européenne n’a pas changé sa position, malgré la tension qui régnait lundi matin dans la zone euro. S’il laisse la porte ouverte à d’autres négociations, il les conditionne néanmoins à un « oui » au référendum grec, quelle que soit la question. Mais, pour qu’une telle séquence fonctionne, il faudrait d’abord que le gouvernement grec revienne très vite à la table des négociations, et qu’il appelle à voter « oui » à un accord pour le référendum. Or, « M. Tsipras a fermé encore une porte hier soir lors de son allocution télévisée, en ne revenant pas sur son appel à voter non à l’accord, explique une source européenne. Un sommet européen est très improbable ».

Certains, notamment à Paris, espéraient pourtant, lundi matin encore, le retour de M. Tsipras à Bruxelles. Et peut-être, la tenue d’un sommet en urgence de la zone euro dans la semaine pour conclure un accord, avec cette fois, une discussion – réclamée depuis des mois par M. Tsipras –, sur la question de l’allégement de la dette grecque.

Lors d’une brève déclaration à l’issue d’un conseil restreint consacré à la Grèce, François Hollande a souligné lundi que la France était « toujours disponible pour que le dialogue puisse reprendre ». « Je souhaite que si les Grecs en décident, (…) cette négociation puisse reprendre », a-t-il dit. La discussion avec la Grèce « peut reprendre à tout moment », avait assuré, un peu plus tôt, le ministre des finances, Michel Sapin, sur France Inter, avouant toutefois que la sortie de la Grèce de la zone euro est aujourd’hui « une possibilité ».

Le commissaire européen aux affaires économiques et financières avait déclaré, sur RTL, que la Grèce et ses partenaires étaient « à quelques centimètres d’un accord », ajoutant que Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, formulerait de nouvelles propositions ce lundi à midi. « Il faut qu’on continue à discuter. Pour la Commission européenne, la porte des négociations est toujours ouverte », a ajouté M. Moscovici.

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