Soumis à de fortes pressions après la mort de trois jeunes Palestiniens, dont un bébé brûlé vif dans un incendie, et une attaque au couteau contre la Gay Pride de Jérusalem qui a coûté la vie à une adolescente, le gouvernement israélien met en pratique les mesures punitives promises contre les extrémistes juifs.
Vingt-quatre heures après l’arrestation de Meïr Ettinger, le service de sécurité intérieure israélien a annoncé avoir procédé à une deuxième interpellation, mardi 4 août, arrêtant Eviatar Slonim « pour appartenance à une organisation extrémiste ». Le quotidien Haaretz affirme que l’homme avait déjà été arrêté en novembre, après avoir été soupçonné d’avoir mis le feu à une maison palestinienne au sud d’Hebron. Il avait été libéré sans être poursuivi mais faisait l’objet d’une interdiction d’entrée en Cisjordanie et à Jérusalem.
Il est soupçonné d’appartenir au même groupe extrémiste que Meïr Ettinger. Ce dernier, petit-fils du rabbin Meïr Kahane, fondateur du mouvement raciste anti-Arabes Kach et assassiné en 1990 à New York, faisait ces dernières années l’objet d’une surveillance particulière du service de sécurité intérieure.
La « détention administrative » appliquée aux ressortissants israéliens
Pour la première fois depuis des années, les autorités israéliennes ont appliqué la « détention administrative », une pratique qui permet d’interpeller quelqu’un sans avoir au préalable eu recours à une décision de justice, sur un ressortissant israélien.
Un troisième individu, Mordechai Meyer, un habitant d’une colonie en Cisjordanie, a ainsi été arrêté et accusé « d’implication dans des activités violentes et dans des attaques terroristes récentes commises par un groupe terroriste juif », selon le ministère de l’intérieur. Ce dernier pourra être retenu pour des périodes de six mois renouvelables, sans inculpation ni jugement.
Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a répété, mardi, qu’il appliquera la loi dans toute sa rigueur contre les extrémistes y compris en recourant à cette mesure exceptionnelle de détention administrative, régulièrement dénoncée par les organisations de défense des libertés civiles et à laquelle sont régulièrement soumis des centaines de Palestiniens.
Le gouvernement a justifié de l’usage de cette mesure si les preuves accumulées contre les suspects ne sont pas suffisantes pour une procédure judiciaire normale ou s’ils refusent de parler durant les interrogatoires. Il souligne aussi la nécessité de prévenir de nouveaux cas de violence.
Mais pour l’instant, comme le souligne la presse israélienne, tous les suspects arrêtés ne sont pas directements mis en cause pour les attaques survenues la semaine dernière. Concernant Meïr Ettinger, le plus médiatique des suspects, la presse le lie tantôt à un autre incendie criminel, le 18 juin contre l’église de la Multiplication des pains, un haut lieu du christianisme dans le nord d’Israël, tantôt à un projet d’attentats antipalestiniens en 2014.
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