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Nigeria : investiture remplie d’espoirs de Muhammadi Buhari

Le nouveau président du Nigeria, Muhammadu Buhari, 72 ans, prête serment ce vendredi à Abuja, la capitale fédérale. Les Nigérians placent beaucoup d’espoirs dans cette première alternance depuis la fin des dictatures militaires en 1999.

Par  (Abuja, envoyée spéciale)

Publié le 29 mai 2015 à 11h33, modifié le 29 mai 2015 à 15h56

Temps de Lecture 3 min.

Un étudiant en art peint le président Muhammadu Buhari, le 27 mai à Abuja.

Joël sait rarement de quoi son lendemain sera fait, mais il jure que ce vendredi, dès l’aube, il sera à Eagle Square, le lieu de la cérémonie d’investiture de Muhammadu Buhari à Abuja. « Je veux être certain que Buhari va répéter les promesses qu’il a faites pendant sa campagne pour l’emploi des jeunes », assène ce trentenaire aux vêtements élimés, coiffé d’un bob noir aux cœurs blancs.

Joël n’est pourtant pas un tendre, il n’aime pas vraiment les questions, et quand on lui en pose trop il s’enfuit rapidement en direction des automobilistes qui s’impatientent devant la seule station-service de la zone a être fournie en carburant. Son travail du jour : réguler le flot de voitures qui cherchent à percer la longue file d’attente pour arriver plus vite à la pompe à essence, soulevant des barrières, tapant sur les capots. Il sait qu’il en a pour un moment : dans la soirée de jeudi, les voitures formaient encore un cordon interminable d’au moins deux kilomètres, et la nuit ne suffira pas à satisfaire tout le monde.

Alors que le Nigeria investit son nouveau président, le premier issu d’une alternance démocratique dans l’histoire du pays, la pénurie d’essence qui a paralysé les principales villes du Nigeria ces derniers jours se résorbe difficilement. Cette crise a affecté jusqu’aux plus riches, contraints de rationner le diesel qui alimente habituellement leur générateur 24 heures sur 24, et a ainsi confronté toutes les strates de la société nigériane aux profonds dysfonctionnements des infrastructures du pays.

Augmentation de la puissance des centrales électriques, construction de raffineries, Muhammadu Buhari s’est engagé à tenter de résoudre ces problèmes qui soulignent les terribles inégalités du pays. « On a du pétrole au Nigeria, on se présente même comme le géant de l’Afrique, mais regardez-nous, on souffre, se désespère Matthew, suant devant la station-service. Vous voyez les hommes importants venir faire le plein d’essence ? Non, ce sont juste les pauvres qui attendent, les riches eux envoient leur chauffeur. C’est comme ça que sera notre vie ? »

Buhari et le défi de la lutte contre la corruption

Justement les plus riches tentent de se frayer un chemin dans l’embouteillage devant la station-service, qui fait face au Hilton, l’hôtel de luxe où logent la plupart des délégations officielles. Parmi les nombreux dignitaires étrangers qui assistent à la cérémonie ce vendredi, le président sud-africain Jacob Zuma, le président ivoirien Alassane Ouattara, John Kerry le secrétaire d’Etat américain, ou encore le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius. Les motos qui les escortent leur épargnent les longues attentes aux nombreux check-points mis en place ces derniers jours par l’armée et la police à la sortie d’Abuja et dans plusieurs quartiers de la ville.

La secte Boko Haram continue à semer la terreur un peu plus au Nord-Est, et en attendant que la promesse de Muhammadu Buhari d’anéantir le groupe islamiste devienne réalité, le chef de la police fédérale expliquait la semaine dernière prendre ces mesures supplémentaires pour « déjouer toute tentative des insurgés de répandre la violence et mener des attaques coordonnées ». Pour plus de sûreté, la circulation est même totalement interrompue autour de Eagle Square au moment de la cérémonie.

Mais quand on les interroge, les habitants d’Abuja expliquent avoir majoritairement voté pour Buhari avant tout pour son engagement à lutter sincèrement contre la corruption qui mine le pays depuis des dizaines d’années. Ce qui les pousse à le croire, c’est la simplicité apparente du train de vie de ce général à la retraite.

« Il n’a pas de grosse maison à Abuja ou à Lagos, il n’a pas de terres, c’est la preuve qu’il est pur », proclame Segun, un chauffeur de taxi, qui apprécie la discrétion du convoi officiel de Buhari, bien loin de la longue procession des véhicules de Goodluck Jonathan qui bloquaient la circulation. Reste à savoir si les habitudes resteront les mêmes une fois que Muhammadu Buhari aura officiellement pris ses fonctions de chef de l’Etat.

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