C’était attendu, ça n’a pas manqué. De passage mardi 16 jui, au salon de l’aéronautique du Bourget, Ray Conner, PDG de la branche aviation commerciale de Boeing, s’est attaqué aux subventions dont pourrait bénéficier son grand rival Airbus. Dans le collimateur du patron de Boeing, les aides financières grâce auxquelles le constructeur européen pourrait se servir pour développer la version Neo de son super jumbo A380. Un appareil moins gourmand en carburant, capable de transporter plus de passagers et réclamé par certaines compagnies aériennes, dont notamment Emirates.
Au Bourget, M. Conner a donc mis en garde Airbus. Si l’avionneur européen demande aux Etats de mettre la main à la poche pour financer le développement de l’A380 Neo, « cela ne serait pas conforme à ce que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a dit ». Boeing veut interdire à Airbus le droit de solliciter, auprès des Etats, des avances remboursables.
La menace du patron de Boeing a tout d’une réplique aux attaques lancées, vendredi 12 juin, par Fabrice Brégier, président d’Airbus. Invité du Colloque Paris Air Forum, le patron d’Airbus avait alors dénoncé :
« Quand Boeing a lancé le 777X, une évolution de son long-courrier 777, il a obtenu une exonération d’impôts de 8,7 milliards de dollars [7,5 milliards d’euros] après un chantage à l’emploi. »
Bataille entre Bruxelles et Washington
Depuis plusieurs années, Bruxelles et Washington s’opposent sur le financement de leurs constructeurs respectifs, notamment sur le créneau des avions gros porteurs long-courrier. Chaque camp accuse l’autre d’être gavé de subventions. Depuis des années, les Américains pointent du doigt les subsides versés sous forme de prêts, pour développer l’A380.
En décembre 2014, c’est la Commission européenne qui a décidé de faire la lumière sur les financements reçus par l’avionneur américain pour produire son 777X. Depuis, Américains et Européens se livrent à une petite guerre de déclarations assassines. Fabrice Brégier a reconnu que « la bagarre est assez sévère entre Airbus et Boeing ».
La vigueur de la riposte de Boeing n’est pas une surprise. Avec le départ à la retraite du 747, un avion mythique qui a fait son premier vol en 1969, Boeing a un trou dans sa gamme. L’américain ne possède plus de super jumbo équivalent à l’A380 d’Airbus. Faute de concurrent l’avion préféré des passagers, produit par Airbus, règne en maître sur sa catégorie. Une domination qui ne manquerait pas de s’accentuer si, d’aventure, Airbus décidait de se lancer dans la production d’une version Neo de son très gros porteur long-courrier.
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