Combien doivent gagner les dirigeants des mastodontes universitaires voulus par le gouvernement, au moment où le monde de l’enseignement supérieur traverse une grave crise de financement ? La polémique enfle sur la rémunération du président de la communauté d’universités et d’établissements (Comue) Paris sciences et lettres (PSL), Thierry Coulhon. Son salaire annuel de 180 000 euros brut, voté lors d’un conseil d’administration de PSL début novembre, passe mal.
Cette rémunération a été dénoncée le 23 novembre par le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser), l’organisme consultatif du supérieur, qui a décidé de voter contre l’entrée de quatre nouveaux établissements – dont l’EHESS – dans Paris sciences et lettres, qui regroupe déjà le Collège de France, l’Ecole normale supérieure ou encore l’université Paris-Dauphine. Motif : l’élitisme de cette Comue.
Le même jour, le président de la Comue Paris-Saclay – un autre regroupement, dont font partie Polytechnique, HEC ou encore l’université Paris-Sud –, Gilles Bloch, se voyait attribuer par son conseil un salaire de 190 000 euros brut.
Intenses discussions en coulisses
Ces mégastructures pluridisciplinaires, capables de faire jouer leur masse critique pour obtenir des financements et être plus visibles dans un monde universitaire ouvert à la concurrence internationale, ont été créées par la loi sur l’enseignement supérieur de juillet 2013. La rémunération des présidents de Comue avait alors fait l’objet d’intenses discussions en coulisses avec le ministère. Peuvent-ils gagner plus que les présidents d’université qu’ils chapeautent ? Ces derniers, s’ils ne sont pas praticiens hospitaliers, perçoivent un salaire brut annuel de l’ordre de 105 000 euros (dont une prime de 27 000 euros). Les finances du supérieur étant très serrées, rouvrir la boîte de Pandore était donc risqué.
En septembre, à la demande du ministère, le vote sur le salaire de Thierry Coulhon avait été ajourné. Et, dans le but d’aligner la rémunération des présidents de Comue sur celle des présidents d’université, un décret, publié le 15 septembre, a étendu aux premiers la prime de charge administrative accordée aux enseignants-chercheurs devenant présidents d’université…
C’était compter sans les promesses de PSL et Paris-Saclay à leurs présidents. Ces deux Comue sont en effet les seules à avoir choisi d’ignorer le message… Explications : M. Coulhon est entré en fonctions par intérim dès le mois de février, avec ce salaire. Ancien président de l’université Cergy-Pontoise, cet ex-directeur adjoint du cabinet de Valérie Pécresse au ministère de l’enseignement supérieur venait de quitter la direction du Mathematical Sciences Institute, à l’Australian National University de Canberra (Australie), et avait obtenu le maintien de sa rémunération. Ce qui avait déjà été approuvé par le conseil d’administration de PSL en janvier.
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