L’heure est à l’apaisement chez Air France, cinq jours après les violences qui ont conduit à l’interruption du comité central d’entreprise (CCE) de la compagnie aérienne. Le rendez-vous, vendredi 9 octobre, entre la direction d’Air France et les deux principales organisations de navigants de la compagnie aérienne, le Syndicat des pilotes de lignes (SNPL) et le Syndicat des pilotes d’Air France (SPAF) « s’est très bien passé », reconnaît Véronique Damon, la secrétaire générale du SNPL. « On a tous cherché l’apaisement », ajoute-t-elle. Un état d’esprit partagé, semble-t-il, par la direction.
Pour cette « reprise du dialogue » avec le SNPL, comme la qualifie le syndicat de pilotes, Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM, qui était resté jusqu’ici à l’écart des négociations, s’était joint à Frédéric Gagey, PDG d’Air France, et à Xavier Broseta, le directeur des ressources humaines.
- Qu’est-ce qui a été décidé ?
Direction et syndicats n’ont pas abordé les sujets qui fâchent, c’est-à-dire le détail des mesures de productivité à mettre en place. La réunion a seulement permis « de fixer le cadre » des négociations qui auront lieu dans les prochaines semaines. « J’ai l’impression que tout le monde a envie de trouver des points d’entente », explique Mme Damon.
- Quel est désormais le calendrier ?
La direction va mener des « rencontres bilatérales avec tous les syndicats représentatifs de la compagnie jusqu’à la fin de la semaine prochaine ». A l’issue de ces discussions, elle produira un bilan, un cadrage pour conduire les négociations avec toutes les catégories de personnels. Cette démarche n’est toutefois pas totalement partagée par tous les syndicats.
- Direction et syndicats sont-ils prêts à faire, chacun, des concessions ?
Apparemment oui. Il le faudra car, à la date butoir du 30 septembre, fixée par la direction aux syndicats pour qu’ils donnent leur accord à son plan de productivité, les positions étaient alors très éloignées : quand la direction demandait un effort de productivité de 17 % à ses pilotes, soit une centaine d’heures de vol de plus par an, le SNPL ne voulait pas aller au-delà de 4 %.
Ce blocage ne serait plus d’actualité. La direction « se refuse à tout commentaire » sur le sujet. Mais ces dernières semaines, elle a laissé entendre qu’elle pourrait modérer ses exigences.
Tout cela permettrait d’éviter la mise en œuvre du « plan B », comprenant 2 900 suppressions de postes, notamment avec des licenciements secs, et une réduction de 10 % du réseau long-courrier – un plan présenté comme inévitable par la direction après l’échec des négociations avec les pilotes, et dont l’annonce a engendré les violences en marge du CCE.
- Jusqu’où les pilotes sont-ils prêts à aller ?
Du côté des pilotes, le conseil du SNPL, réuni jeudi 8 octobre, a voté à l’unanimité, moins huit abstentions, une motion en trois points qui dégage de nouvelles perspectives pour le nouveau round de négociations qui s’ouvre. Les pilotes refusent les licenciements et souhaitent le « maintien de l’emploi ». Pour y parvenir, le SNPL se dit « prêt à faire des efforts pour améliorer l’efficacité économique ». Enfin, le SNPL réclame que l’Etat crée « les conditions d’une concurrence équitable » pour Air France, c’est-à-dire joue sur le montant des taxes et les règles de concurrence.
S’il obtient des avancées, notamment « pour l’emploi des jeunes pilotes », le SNPL pourrait aussi faire preuve de souplesse sur la « saisonnalité ». C’est-à-dire que les pilotes accepteraient de travailler plus l’été, quand les passagers sont plus nombreux, et de déplacer leurs congés en hiver, quand les clients se font plus rares.
Mais le SNPL ne veut pas d’un accord qui n’aurait d’autre but que de tailler dans les coûts, les effectifs et le réseau de la compagnie pour ramener une rentabilité temporaire. En contrepartie de leurs efforts, les pilotes réclament de la direction « une stratégie de développement ambitieuse s’appuyant sur une capacité d’investissement retrouvée [pour] assurer l’avenir de la compagnie ».
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