Le tremblement de terre qui vient de dévaster la vallée densément peuplée de Katmandou, et qui a fait au moins 2 000 morts, n'est une surprise pour personne : de nombreux habitants de la capitale du Népal, sans parler des sismologues, savaient que, très bientôt, un séisme risquait de frapper à nouveau l'ancien royaume himalayen.
« Tous les cinquante ans, un tremblement de terre a lieu, on redoute le prochain et il pourrait se produire très bientôt », disait au Monde en décembre dernier Kunda Dixit, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Nepali Times.
« Les constructions des nantis de la vallée ont résisté au choc »
La prédiction est dramatiquement juste, à quelques années ou même quelques décennies près, ce qui n'est rien dans le temps long de la tectonique des plaques. En 1934, une secousse de 8,2 avait détruit une partie des trois grandes villes de la vallée, Katmandou, Patan et Bakhtapour, faisant entre 10 000 et 20 000 morts. En 1988, un séisme d'une magnitude de 6,9 avait occasionné de sérieux dégâts et provoqué la mort de 1 500 personnes au Népal.
La secousse du 25 avril a été beaucoup plus violente que la dernière et risque de faire plusieurs milliers de morts supplémentaires dans la mesure où l'on est sans nouvelles des régions montagneuses de l'épicentre, qui se situe à quelques 70 km à l'ouest de la ville.
« Je sortais de chez moi, au volant de ma voiture, j'ai cru que j'avais perdu le contrôle de mon véhicule. Je me suis arrêté. J'ai vu des briques voler, un nuage de poussière s'élever. J'ai cru que c'était la fin du monde », raconte la Française Caroline Sengupta, qui est établie à Katmandou depuis une vingtaine d'années. Le restaurant qui porte son nom dans un vieux palais de la ville a été gravement endommagé. « C'est un tremblement de terre qui va faire beaucoup de morts mais surtout chez les pauvres. Les constructions des nantis de la vallée ont résisté au choc », dit-elle.
Les constructions les plus vulnérables sont les vieilles maisons de ces antiques et magnifiques cités médiévales de la vallée ainsi que les immeubles en ciment de construction plus récentes, dont les architectes ont toujours ignoré les normes requises pour minimiser les dégâts en cas de séisme.
Catastrophe humaine et artistique
Il est trop tôt pour se faire une idée d'ensemble de la catastrophe. Mais il semble que ce soit surtout les parties anciennes des villes et leurs maisons ou leurs temples en briques qui aient été les plus touchés.
Le désastre est une catastrophe humaine autant qu'artistique : les grands temples du Durbar, la grand place de Katmandou où se situe l'ancien palais d'Hanuman Dhokka, se sont écroulés. Ce qui fut l'un des lieux les plus emblématiques du riche patrimoine de la vallée est désormais un quasi champ de ruines.
La tour de Bhimsen, également connue sous le nom de Dharahara, qui avait la forme d'une mince colonne d'une hauteur de 69 mètres construite en 1825, s'est écroulée. Un escalier étroit permettait d'accéder au sommet et de nombreux visiteurs se sont retrouvés coincés sous les décombres.
« Cela aurait pu être pire, remarque encore Caroline Sengupta, le séisme s'est produit un samedi, jour férié au Népal. Il n'y avait personne dans les bureaux, dans les écoles, peu de trafic routier et beaucoup de gens dans les rues en train de se promener, ce qui leur a évité de se trouver chez eux quand le séisme a eu lieu, vers midi. »
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