La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.
La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.
L’emploi en recul dans la presse
Selon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.
L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.
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