La pression des agriculteurs sur le gouvernement a porté ses fruits. Le premier ministre, Manuel Valls, a annoncé, jeudi 3 septembre, des aides complémentaires en faveur des agriculteurs français, ainsi que des mesures de soutien à l’investissement agricole. Selon Matignon, ces mesures devraient permettre 3 milliards d’investissement en trois ans.
A l’issue d’une réunion avec une délégation composée des principaux dirigeants syndicaux à Matignon, le chef du gouvernement a adressé « un message d’amour » au monde agricole. « Vous avez le soutien de la nation. (…) La France ne lâchera pas ses agriculteurs. Le désespoir, l’humiliation, la colère, nous les entendons. Et avec le gouvernement (…), nous y répondrons », a-t-il martelé devant la presse.
Le premier ministre a annoncé de nouvelles mesures de soutien, après un premier plan consacré aux éleveurs en juillet. Les aides versées par l’Etat, les régions et l’Union européenne seront portées « à 350 millions d’euros par an pendant trois ans », a dit Manuel Valls.
« Année blanche »
Si, pour M. Valls, la priorité reste d’enrayer la baisse des prix en maintenant la pression sur les industriels et la grande distribution, il a également annoncé une « année blanche » pour le remboursement des dettes bancaires des agriculteurs en difficulté qui en feront la demande. Le premier ministre répond ainsi favorablement à l’une des principales revendications des exploitants agricoles.
Fustigeant un « excès de réglementation », le premier ministre entend ne pas aller « au-delà » des normes européennes. Un moratoire va ainsi entrer en vigueur, qui durera jusqu’en février 2016, qui permettra qu’aucune norme environnementale nationale allant au-delà de la législation européenne ne soit adoptée. Après cette date, les agriculteurs seront associés à la définition des mesures environnementales, a également assuré Manuel Valls.
Les prises en charge des intérêts d’emprunt seront elles doublées pour atteindre 100 millions d’euros et les prises en charge des cotisations sociales seront triplées pour atteindre 50 millions, a-t-il indiqué. En outre, un alignement de la cotisation maladie sur le régime des indépendants permettra de réduire les charges sociales agricoles de 50 millions d’euros.
Xavier Beulin hué
Ces annonces représentent une victoire pour le président de la fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA), Xavier Beulin, qui a déclaré devant les milliers d’agriculteurs réunis place de la Nation à Paris : « Le gouvernement [nous] a entendus. » A ces mots, le représentant syndical a été copieusement hué par une partie de la foule aux cris de « Vendus ! » ou « Démission ! ».
Un peu plus tôt dans la matinée, environ 1 500 tracteurs et 91 bus remplis d’exploitants agricoles étaient arrivés dans la capitale pour exprimer la colère d’un monde paysan qui se dit étranglé par la chute des prix et l’empilement des normes.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu