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Mort de Christine Arnothy, romancière invétérée

L’auteure à succès d’une quarantaine de livres dont « J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir » s’est éteinte, mardi, à 84 ans.

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Publié le 07 octobre 2015 à 12h07, modifié le 07 octobre 2015 à 15h47

Temps de Lecture 14 min.

Son premier livre, J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir (Fayard, 1955), où elle relatait son enfance à Budapest et la fuite d’un pays occupé par les Soviétiques, avait valu à Christine Arnothy de connaître un succès immédiat, le livre devenant presque instantanément un « classique » des ouvrages sur la guerre à hauteur d’enfant. Auteure d’une quarantaine de livres (romans, récits, nouvelles), mais aussi journaliste et critique littéraire, la romancière est morte, mardi 6 octobre, a annoncé sa fille. Elle était âgée de 84 ans.

Née à Budapest le 20 novembre 1930 dans une famille d’intellectuels – son père, propriétaire terrien, est professeur de latin –, Irène Kovach de Szendrö (de son vrai nom) vit ses premières années entourée de livres. Dès l’âge de 8 ans, la fillette à qui sa mère inculque l’amour du français, dont elle fera sa langue « maternelle », compose sa première nouvelle. Surgit la seconde guerre mondiale. En 1944, le soir de Noël, alors que Budapest est encerclée par les Allemands, son père met les siens à l’abri dans la cave. Là, jour après jour, l’adolescente retranscrit sur un cahier, à la lumière d’une bougie, son quotidien et celui de la ville.

Ce journal lui donnera la matière de l’émouvant J’ai quinze et je ne veux pas mourir, dans lequel elle raconte aussi le départ clandestin de la famille, quittant la Hongrie en 1948, puis le camp de réfugiés en Autriche où elle accepte un mariage blanc afin d’émigrer en France. Avant de se remarier et de rejoindre, avec son époux et sa fille, les siens en Belgique.

Coup de foudre avec Claude Bellanger

En 1954, la jeune apatride envoie J’ai quinze ans… au jury du Prix Vérité, qu’elle remporte. Lors de la remise du prix par Claude Bellanger, c’est le coup de foudre entre la lauréate et le PDG du Parisien libéré. L’un et l’autre étant déjà mariés, ils devront surmonter, ainsi qu’elle le racontera dans Embrasser la vie (Fayard, 2001), d’innombrables obstacles juridiques avant de pouvoir célébrer leurs noces en 1964.

Avant de donner une « petite suite » à son journal (Il n’est pas si facile de vivre, Fayard, 1957), Christine Arnothy compose Dieu est en retard (Gallimard, 1956), son premier roman, qui dépeint le quotidien d’une jeune femme futile derrière le rideau de fer. Dès cet ouvrage, éclate son amour inconditionnel pour la fiction – « Sans la guerre, je n’aurais pas commencé ma vie d’écrivain par une autobiographie », confiait-elle au Monde, en 2001 – qui va se déployer, à raison de presque un livre par an. Comme l’atteste une riche bibliographie comprenant des romans et des nouvelles parmi lesquels Le Cardinal prisonnier (Julliard, 1962), Le Cavalier mongol (Flammarion, 1976, Grand Prix de la nouvelle de l’Académie française) ou encore Toutes les chances plus une (Grasset) pour lequel elle décroche le prix Interallié en 1980, deux ans après la mort de son « unique amour », Claude Bellanger.

Auteure d’une trilogie sous le pseudonyme de William Dickinson

Cette perte et l’écriture la conduisent alors à parcourir le monde. Elle s’installe dans une ville pour s’imprégner du lieu, de l’atmosphère, et camper décor et personnages d’une plume vive, colorée, souvent ourlée d’humour. Dans sa cartographie littéraire, qui l’emmène en Australie ou au Kenya, les Etats-Unis tiennent une place à part, en particulier New York. Encore affectée par le deuil de son époux, elle trouve refuge dans un petit hôtel proche de Central Park où, sous le pseudonyme de William Dickinson, elle compose une trilogie policière, diablement efficace, publiée entre 1985 et 1987, dans la collection « Suspense » d’Albin Michel.

Puis viendra pour elle la nécessité de mettre fin aux non-dits. Avec Les Années cannibales (Fayard, 2008), Christine Arnothy se livre à une entreprise d’« auto vivisection » ; elle n’y tait rien de son passé, de ses choix de vie qui l’ont conduite dans une « cage d’amour » illuminée de bonheurs fulgurants, mais aussi assombrie de blessures, notamment ses liens avec ses deux premiers enfants, dont Pierre Bellanger, fondateur de Skyrock.

Libérée grâce à ce récit sans concession – à son propre égard –, cette femme à l’esprit aiguisé peut revenir à sa passion première, la fiction, avec Une Valse à Vienne (Fayard, 2009) et La Vie d’une manière ou d’une autre (Flammarion, 2010). Son dernier roman en cours d’écriture portait, selon sa fille, sur « la grande réconciliation entre les animaux et les êtres humains ».

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