La préfecture de Haute-Savoie a commencé, jeudi 8 octobre, l’abattage massif de bouquetins dans le massif du Bargy dans les Alpes, en application d’un arrêté du 16 septembre.
Le caprin, espèce protégée depuis 1981, est accusé par les éleveurs de contaminer leurs bêtes à la brucellose, une maladie infectieuse qui a resurgi en Haute-Savoie en 2012, alors qu’elle avait été éradiquée de France en 2003.
60 à 70 bêtes restantes à la fin de l’opération
Environ deux tiers du cheptel vont être euthanasiés, soit quelque 230 bêtes. L’arrêté vise à constituer « un noyau sain parmi la population des bouquetins du Bargy, et pour compléter le noyau sain de 61 individus » existants. Sur l’ensemble du cheptel (environ 300 bouquetins), plus de 40 % est infecté par la brucellose.
Seulement, la préfecture ne prévoit pas uniquement l’abattage des bouquetins contaminés mais aussi celui de ceux « non testés séronégatifs en 2015 et ne faisant pas partie du noyau sain constitué ». Cela signifie que des bêtes non dépistées en 2015, pour diverses raisons, seraient également abattues. Resteraient donc 60 à 70 bêtes à la fin de l’opération.
Selon plusieurs associations de protection de la biodiversité, d’autres solutions préconisées par des experts étaient envisageables pour endiguer la propagation de l’enzootie. « Le préfet préfère la méthode brutale et il risque de diffuser la brucellose au massif voisin des Aravis », prévient Jean-Pierre Crouzat, porte-parole de la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna).
Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), « l’abattage massif, rapide, non différencié, loin de réduire la maladie, a pour conséquence d’augmenter les risques notamment par l’éparpillement des animaux », relèvent France Nature Environnement, la Ligue de protection des oiseaux (LPO), la Frapna et l’Association pour la protection des animaux sauvages.
L’avis du Conseil national de protection de la nature ignoré
De plus, soulignent les associations, la décision de la préfecture ne tient pas compte de l’avis défavorable du Conseil national de protection de la nature, une commission à caractère consultatif, émis mardi 6 octobre, et de plusieurs études conduites par l’Anses.
« Pourquoi des opérations massives et brutales ? » se demande la LPO Haute-Savoie. Après la parution de l’arrêté, les associations avaient saisi la justice administrative. « Le préfet n’a pas attendu le verdict du juge, l’audience du référé suspensif au tribunal administratif de Grenoble est programmée pour le lundi 19 octobre. »
Favorables à l’arrêté préfectoral, les agriculteurs de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) des Savoie ont à l’inverse salué une « sortie de crise ». Ils mettent en avant la « préservation de la santé humaine face à une maladie contagieuse », la « préservation de la filière agricole locale » comme des autres massifs et espèces.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu