C'est chaque fois la même mélodie du bonheur, ritournelle dont on ne peut se lasser. Ce sont ces mêmes scènes gorgées d'émotion, que la joie s'exprime ou qu'elle reste contenue. Le retour, dimanche 20 avril, à Villacoublay, des quatre otages français détenus depuis dix mois en Syrie, a été de ces moments d'allégresse, de communion nationale qui vous illuminent une journée, à défaut de bouleverser une mandature.
A 8 h 55, ce dimanche de Pâques, l'hélicoptère transportant Edouard Elias, 23 ans, Didier François, 53 ans, Nicolas Hénin, 37 ans, et Pierre Torres, 29 ans, a atterri. Le président de la République, François Hollande, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, et une vingtaine de membres des familles sont venus à la rencontre de l'appareil.
Les quatre hommes sont descendus, un peu patauds. Embrassades, accolades, paroles jetées au vent, tapes sur l'épaule comme pour se persuader qu'on ne rêve pas, tout ça en direct : oui, vraiment, c'était « un jour de joie pour la France », comme l'a décrit le chef d'Etat.
« ON A LA CHANCE D'ÊTRE FRANÇAIS »
Après tant de semaines passées à rester cloîtrés, faire irruption devant la foule des journalistes, ces chers confrères, avait quelque chose de tétanisant. Si Didier François, qui fut routier des débats politiques avant de devenir baroudeur de guerre, se montrait à l'aise, ses trois compagnons paraissaient empruntés, ne sachant que faire de leurs bras.
« Un grand bonheur, un immense soulagement », a dit le doyen, se faisant le porte-parole des quatre hommes. La longue barbe que portait Didier François la veille avait été rasée, et le visage glabre laissait un peu plus éclater ce bonheur, ce soulagement qu'il décrivait.
« On a la chance d'être français », a ajouté l'ex-otage, saluant les efforts du gouvernement et des services pour obtenir leur libération. Et, à ce moment, la mélodie du bonheur a légèrement déraillé.
LES AUTRES OTAGES
Il y avait, en creux, le sort des autres otages qui avaient partagé leur détention, dans la prison improvisée des islamistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant qui les retenaien et où ils sont « restés dix mois complets dans des sous-sol sans voir le jour, un mois et demi entièrement enchaînés les uns aux autres », comme l'a raconté Didier François.
Leurs compagnons restaient. Auraient-ils le droit à la même attention, au même « degré de mobilisation », à la même « générosité », décrite par le journaliste d'Europe 1 ?
François Hollande a également rappelé le sort de Gilberto Rodriguez Leal et Serge Lazarevic, enlevés au Mali en novembre 2011. Le président a expliqué qu'on était sans nouvelles du premier, ce qui indiquerait qu'on en possède du second. Auront-ils droit également à ce même « dénouement heureux », décrit par le chef de l'Etat ? Leurs familles aimeraient tant jouer à leur tour cette mélodie du bonheur.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu