La police japonaise a arrêté samedi 1er août Mark Karpelès, le PDG français de MtGox, plateforme d’échange de la monnaie électronique bitcoin. Sise dans l’archipel, la plateforme a été déclarée en faillite en avril 2014 après avoir dû stopper ses activités deux mois plus tôt.
A l’époque, M. Karpelès, 30 ans, affirmait que MtGox avait subi une attaque informatique de grande ampleur ayant entraîné la perte de 850 000 bitcoins, d’une valeur de 48 milliards de yens (352 millions d’euros). Quelque 200 000 bitcoins, équivalant à 6,98 milliards de yens (51 millions d’euros) avaient par la suite été retrouvés, selon M. Karpelès, sur un stockage non connecté aux autres ordinateurs.
Son arrestation s’inscrit dans le cadre de l’enquête sur la faillite de son entreprise. Selon la chaîne publique NHK, la police nippone considère que M. Karpelès sait où se trouvent les bitcoins disparus. Il aurait manipulé le système pour les détourner sur un compte secret. Les enquêteurs pensent que l’ancien PDG a détourné 8,9 millions de dollars, dont une partie, 320 000 dollars, aurait payé le loyer d’un appartement dans une résidence de luxe de Tokyo.
En France, Mark Karpelès a été condamné en 2010 en son absence à un an de prison, pour piratage et à 45 000 euros de dommages et intérêts.
Plate-forme historique du bitcoin
Les investisseurs ayant utilisé les services de MtGox avaient exprimé leur colère en juillet 2014 lors d’une réunion des créanciers de la plateforme. Une centaine d’investisseurs, pour la plupart des étrangers expatriés au Japon, s’étaient alors retrouvés au palais de justice de Tokyo. « Ils disent qu’une enquête est en cours, avait alors déclaré à l’AFP un investisseur français. C’est tout. Mais ils semblent refuser de rendre publics des renseignements plus précis sur MtGox et sur la façon dont les bitcoins ont été dérobés, s’ils l’ont vraiment été. »
Créé sur ordinateur en 2009, le bitcoin a vu sa valeur passer de quelques cents à ses débuts à plus de 1 000 dollars fin 2013. Les bitcoins sont gérés au travers d’un complexe réseau international. Ses promoteurs y voient un moyen efficace et anonyme de transférer des fonds. Les échanges gérés par MtGox ont atteint 80 % des transactions de cette monnaie virtuelle totalement indépendante de toute autorité monétaire. Historiquement, la société était une des premières plate-formes de gestion de bitcoins.
Les malheurs de MtGox n’ont que provisoirement ralenti les transactions autour de la devise virtuelle. D’après le Nihon Keizai, le quotidien économique japonais, le nombre d’utilisateurs de cette monnaie serait reparti à la hausse notamment aux Etats-Unis. D’autres devises virtuelles seraient également en développement.
Opacité et volatilité
Les autorités de régulation s’inquiètent de l’opacité qui entoure leur gestion et de la volatilité de leur valeur. En juin, les pays membres de la Financial Action Task Force (FATF), un organisme intergouvernemental réunissant notamment le Japon, la Chine et les Etats-Unis, ont initié une réflexion pour réguler les échanges des monnaies virtuelles.
L’objectif est notamment de lutter contre le financement du terrorisme. Les Etats-membres de la FATF, comme ceux qui ne le sont pas, devraient notamment être invités à surveiller les transferts vers les territoires contrôlés par l’organisation Etat islamique. L’idée est également d’imposer un contrôle de l’identité des nouveaux utilisateurs.
Au Japon, une loi serait en projet pour permettre de stopper les circulations de fonds à des fins criminelles. En 2014, l’Autorité bancaire européenne avait appelé les établissements financiers de la région à ne pas effectuer de transactions de cette monnaie virtuelle en attendant l’établissement de règles d’utilisation.
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