La directrice du lycée nigérian où cent vingt-neuf jeunes filles ont été enlevées, lundi 14 avril, par des militants islamistes de la secte Boko Haram a déclaré jeudi que seules quatorze d'entre elles avaient recouvré la liberté.
L'armée avait affirmé mercredi soir que la plupart des jeunes filles avaient été libérées, et que seules huit d'entre elles restaient détenues. Le gouverneur de l'Etat de Borno (Nord-Est), où a eu lieu l'enlèvement, avait déjà démenti les déclarations de l'armée.
Des hommes armés avaient pris d'assaut lundi soir l'internat du lycée public pour filles de Chibok, mettant le feu à plusieurs bâtiments avant de tirer sur les soldats qui gardaient l'établissement, tuant un policier et un soldat, selon des témoins. Ils ont ensuite obligé les lycéennes à sortir et les ont fait monter dans des camions avant de s'enfoncer dans la végétation dense de cette région reculée.
Le jour de l'enlèvement, une bombe avait explosé dans une gare routière proche de la capitale fédérale, Abuja, faisant au moins soixante-quinze morts etcent quarante et un blessés, l'attentat le plus meurtrier jamais commis dans la ville. Cette attaque a également été attribuée à la secte islamiste.
UNE PREUVE DE SA PUISSANCE DONNÉE PAR L'INSURRECTION
L'escalade de la violence dans le Nord-Est, fief historique du groupe extrémiste, a poussé de nombreux établissements scolaires de la région à fermer, comme ce lycée de Chibok, mais il avait rouvert cette semaine pour permettre aux lycéennes de préparer un examen annuel. Boko Haram, dont le nom signifie « L'éducation occidentale est un péché » en langue haoussa, a souvent pris pour cible des écoles et des université.
L'armée et le président décrivent Boko Haram comme un groupe sur la défensive, affaibli par l'offensive militaire lancée en mai 2013 dans le Nord-Est. Mais l'attentat à la bombe, survenu à quelques kilomètres du siège du gouvernement, et l'enlèvement des lycéennes sont venus prouver le contraire. Le président Goodluck Jonathan a convoqué une réunion des chefs des services de sécurité jeudi pour examiner « la situation sécuritaire dans le pays ».
OFFRE DE RÉCOMPENSE
Trois lycéennes qui ont pu s'échapper et regagner Chibok ont raconté leur enlèvement lors d'une rencontre organisée mercredi au domicile du chef traditionnel local, selon Lawal Zanna, le père d'une lycéenne toujours en captivité. « Les filles nous ont raconté qu'elles avaient été emmenées dans le district de Konduga, dans la forêt de Sambisa », a déclaré M. Zanna : une zone connue pour abriter des camps fortifiés de Boko Haram. Les lycéennes ont dit avoir réussi à rejoindre Chibok grâce à des bergers nomades de l'ethnie fulani.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a condamné mercredi l'enlèvement, considérant que le fait de viser des écoles est une « grave violation des droits humains internationaux ». Le gouverneur de l'Etat de Borno, Kashim Shettima a promis 215 000 euros à toute personne pouvant donner des informations permettant la libération des victimes.
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