Des documents confidentiels dévoilent que des millions d'euros de subventions européennes ont été détournés à l'université des Antilles-Guyane (UAG), selon une information dévoilée par Mediapart lundi 19 mai. Une information judiciaire pour « détournement de fonds publics » et « escroquerie aux subventions en bande organisée » est ouverte depuis le 7 avril. Elle a été confiée à la juridiction interrégionale spécialisée, en charge de ce genre de dossiers.
Cela fait plusieurs années que cette université de 12 000 étudiants est rappelée à l'ordre. Un sévère rapport de la Cour des comptes publié en janvier 2013, suivi d'un rapport d'information du Sénat publié mi-avril, soulignait de graves dysfonctionnements. Le rapport du Sénat jugeait « urgent de sanctionner les responsables ».
DES DÉPENSES ET DES MARCHÉS ÉTRANGES
Ces dernières années, un laboratoire de l'université, le Ceregmia (centre d'études et de recherche en économie, gestion et informatique appliquée), rattaché à l'UFR de sciences juridiques et économique de la Martinique, s'est mis à solliciter des subventions européennes. Depuis 2009, neuf conventions de financement ont ainsi été conclues entre le laboratoire et le Fonds européen de développement régional (Feder), dont cinq dépassant les 1,5 million d'euros. Les effectifs du Ceregmia ont triplé depuis cette date et ses recettes ont explosé passant de 182 684 euros en 2007 à 3,2 millions d'euros en 2010.
Ces crédits éuropéens sont officiellement destinés, pour une majeure partie, à corriger des déséquilibres régionaux. Mais aujourd'hui, le suivi de ces subventions est introuvable. Selon Mediapart, différents audits ont montré que les taux d'inéligibilité des dépenses (des factures ne pouvant en réalité ouvrir droit à aucun remboursement par l'Europe) s'élèvent jusqu'à 80 % des totaux. Le site en ligne cite des factures d'électricité, de climatisation, de pièces automobiles, etc. Autant de dépenses qui ne peuvent pas être remboursées par l'Europe.
Le site évoque également des « marchés passés dans des conditions pour le moins étranges ». Par exemple un contrat de 82 000 euros, conclu par le laboratoire en octobre 2009, sans appel d'offres et avec une société de conseil, Pro service, dont la gérante et unique salariée est une doctorante de Fred Célimène, le directeur du laboratoire. Ce dernier estime qu'il est dans cette affaire victime de « manœuvres de déstabilisation menées par la nouvelle présidence ».
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