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Au Café du Croissant, une gauche éclatée réclame l'héritage de Jaurès

C'est un débat aussi vieux que l'histoire de la gauche qui s'est exprimé jeudi à Paris, à l'occasion du centenaire de l'assassinat de Jean Jaurès.

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Publié le 31 juillet 2014 à 15h55, modifié le 01 août 2014 à 01h38

Temps de Lecture 3 min.

C'est un débat aussi vieux que l'histoire de la gauche qui s'est exprimé jeudi 31 juillet au Café du Croissant, à Paris, à l'occasion du centenaire de l'assassinat de Jean Jaurès. En 1905, l'homme de Carmaux parvenait, avec d'autres, à unifier les courants révolutionnaires et réformistes du socialisme sous la bannière de la SFIO, ancêtre du Parti socialiste. Ces fractures, réveillées depuis de nombreuses années, se sont manifestées en sa mémoire.

François Hollande a été le premier à se rendre sur les lieux, en début de matinée, sous le regard curieux des badauds. Le chef de l'Etat, accompagné du vice-chancelier allemand, le social-démocrate Sigmar Gabriel, a déposé une gerbe au pied de la plaque commémorant le meurtre de Jean Jaurès par le nationaliste Raoul Villain il y a tout juste cent ans.

Accompagné de l'ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, François Hollande s'est contenté de prendre un café sous l'œil des photographes et ne s'est pas exprimé. Le président de la République ne rechigne pourtant pas à inscrire son action dans la continuité de Jaurès, le « réformiste ». Sans doute n'a-t-il pas oublié les huées qui ont accompagné sa venue à Carmaux (Tarn), terre d'élection du grand homme, le 23 avril.

« ON BRADE LA DÉMOCRATIE DANS L'ENTREPRISE »

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C'est Bertrand Delanoë qui s'est chargé de placer la politique de l'exécutif au cœur de l'héritage jaurésien. « Jaurès a combattu pour que la réforme soit efficace », a estimé face aux caméras l'ancien maire de Paris, qui s'est longtemps défini comme un « social-libéral ». « Il ne faut pas chercher à l'instrumentaliser pour soi, a-t-il poursuivi. Penser à Jaurès, cela mérite mieux que de régler ses petits comptes. » Voilà pour la réponse aux critiques émises par le Front de gauche, qui accuse le gouvernement de trahir la mémoire du fondateur de la SFIO.

Dans un ballet parfaitement coordonné, Patrick Le Hyaric, directeur de L'Humanité et député européen communiste, a pris la suite quelques minutes plus tard. « Il ne manque pas de responsables politiques qui défilent ici-même et organisent la deuxième mort de Jaurès », a-t-il jugé dans un discours véhément, dénonçant « la petite propagande médiatique brouilleuse d'esprit » qui aurait cours selon lui depuis quelques jours.

Très applaudi par une centaine de militants du PCF, M. Le Hyaric a estimé que « l'héritage politique de Jaurès n'[était] pas du tout respecté » aujourd'hui. « Il était partisan de la conquête du pouvoir par les salariés et les ouvriers. Aujourd'hui, on brade la démocratie dans l'entreprise, on la donne aux actionnaires. »

Le président François Hollande signe des autographes lors de la commémoration du 100e anniversaire de la mort de Jean Jaurès, à Paris.

 « LA MÉMOIRE DE JAURÈS APPARTIENT À TOUT LE MONDE »

Patrick Le Hyaric s'en est aussi pris frontalement à la politique étrangère de la France. « Si on était dans la France de Jaurès, la France prendrait des initiatives pour faire taire les armes à Gaza et arrêterait d'en fournir au gouvernement de droite israélien. »

Quelques militants communistes chauffés à blanc par ce discours s'en sont pris un peu plus tard à Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, et Benoît Hamon, ministre de l'éducation nationale, venus sur les lieux pour rendre eux aussi hommage à Jaurès.

Les attaques ont fusé au cours d'un bref mouvement de foule : « Social-traître ! Trahison ! » « Trahison ? Tu vas dire ça aux 60 000 profs que j'ai recrutés », s'est énervé Benoît Hamon auprès d'une militante. « Cela fait un mois qu'on se parle avec le PCF pour que ça ne se passe pas comme ça », se désole-t-on du côté de la Rue de Solférino.

Les deux hommes n'ont pas eu le loisir de prendre la parole. Ils se sont rapidement engouffrés à l'intérieur du café pour déjeuner en compagnie de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, et de Kader Arif, secrétaire d'Etat aux anciens combattants. « La mémoire de Jaurès appartient à tout le monde. Personne ne sait ce qu'il aurait dit aujourd'hui », estime ce dernier. Vaine tentative de réconciliation.

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