Halte au feu ! Les professionnels dont l'activité est citée dans le rapport de l'inspection générale des finances (IGF) s'estiment injustement attaqués. Réactions des représentants de trois activités concernées.
Président du Conseil supérieur du notariat (CSN), Jean Tarrade a l'impression que lui et ses collègues sont « jetés en pâture » à l'opinion publique : « Nous contestons la méthode. » Comme par hasard, explique-t-il, la divulgation, par petits « morceaux », du rapport de l'IGF est intervenue quelques jours après l'annonce, par Arnaud Montebourg, d'un projet de loi réformant les professions réglementées. Et le texte est prévu pour septembre. « Mauvaise entrée en matière, déplore M. Tarrade. Nous sommes prêts à engager une concertation mais il faut qu'elle soit loyale. »
Il est normal, reconnaît-il, que les tarifs des notaires soient revus mais l'approche de l'IGF est « tendancieuse, orientée dans le sens de l'ultralibéralisme et pas dans celui de l'intérêt des citoyens ». Pour le président du CSN, c'est une « fausse bonne idée » que de vouloir confier à d'autres acteurs que les notaires la rédaction des actes « soumis à publicité foncière » (vente de biens immobiliers, baux de plus de douze ans, etc.). « Le client va payer deux fois », assure M. Tarrade : pour la rédaction de l'acte puis pour son authentification par le notaire.
« QUE 10% DE MARGE »
Patrice Bessone, président de la branche éducation routière du Conseil des professions de l'automobile (CNPA), conteste, de son côté, « l'idée selon laquelle les auto-écoles françaises disposeraient d'une rente ». Selon lui, la profession est victime de « clichés » et est l'une des moins profitables de la liste :
« Nous ne sommes pas comme les avocats, les notaires ou les huissiers, notre activité ne dégage que 10 % de marge et nous avons beaucoup de frais : il faut payer la voiture, le moniteur, l'essence »
M. Bessone indique, par ailleurs, que le prix du permis en France serait dans la moyenne basse en Europe. Celle-ci se situerait, selon lui, plutôt autour des 2 000 euros, tandis qu'en France, les clients s'acquitteraient d'un forfait tournant autour des 1 800 euros. « En réalité, ce qui rend le coût élevé dans l'Hexagone, ce sont les délais et le fait que les candidats repassent le permis plusieurs fois », précise-t-il.
60 HEURES PAR SEMAINE
Le responsable tient, enfin, à rappeler que si la profession est réglementée, c'est qu'il s'agit de la sécurité des biens et des personnes, qui confère au métier une « valeur supérieure au simple commerce ».
« Nous sommes garants de la sécurité de nos clients, nous vérifions que les professeurs de conduite sont habilités à dispenser des cours, qu'ils sont en formation continue tous les cinq ans. Permettre à d'autres acteurs de préparer au permis ne nous garantirait pas un tel niveau de professionnalisme. »
« C'est tellement agréable d'épingler les pharmaciens », se scandalise pour sa part Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Lui estime qu'il faut rapporter les revenus d'une officine au nombre d'heures de travail effectuées par un pharmacien.
« Nous ne sommes pas aux 35 heures, nous travaillons 60 heures par semaine a minima. Sur les 22 000 pharmacies françaises, 2 000 font des gardes les dimanches et tous les jours fériés ! »
SURCOÛT POUR LES CONSOMMATEURS
Ouvrir le droit de vente de certains médicaments aux grandes surfaces pourrait même, selon lui, provoquer un surcoût pour les consommateurs :
« La grande distribution, qui a réussi à vendre ses médicaments en Italie, les commercialise plus cher qu'en France. La promesse de baisse des prix n'est pas vraie, ils veulent simplement prendre des marchés supplémentaires. »
Enfin, M. Bonnefond tire la sonnette d'alarme : certains conseils prodigués par les pharmaciens aux patients sont essentiels même pour les médicaments ne nécessitant pas d'ordonnance. « Le paracétamol, par exemple, est la principale cause de suicide au Royaume-Uni », déplore-t-il.
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