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Près de la moitié des ados français en état de « souffrance psychologique », selon l'Unicef

Pour la deuxième année d'affilée, le Fonds onusien a mené une consultation nationale auprès des 6-18 ans.

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Publié le 23 septembre 2014 à 02h55, modifié le 23 septembre 2014 à 12h41

Temps de Lecture 3 min.

Les adolescents connaissent, en France, un mal-être dont l’ampleur frappe l’Unicef. Pour la deuxième année consécutive, le Fonds des Nations unies pour l’enfance a mené partout en France, au printemps, une vaste étude auprès des 6-18 ans, qui fait l’objet d’un rapport remis au gouvernement, mardi 23 septembre. Parmi les personnes interrogées, quelque 7000 adolescents (12-18 ans) ont évoqué leur quotidien, mais aussi leurs peines, leurs idées suicidaires et conduites addictives, « d’une ampleur inquiétante », selon l’Unicef. 43% des jeunes de 15 ans et plus seraient ainsi en « situation de souffrance psychologique ».

Pour la deuxième année année consécutive, l'Unicef a mené une enquête auprès de plusieurs milliers d'enfants et de jeunes de 6 à 18 ans.

Le mal-être adolescent, miroir d’une société en crise, lit-on en filigrane dans ce rapport intitulé « Adolescents en France : le grand malaise ». Car la situation matérielle des familles n’est pas sans rapport avec ce mal-être adolescent. 17 % des enfants et adolescents consultés se trouvent en « situation de privation matérielle ». Ils ont répondu négativement à quatre des dix-sept critères qui servent à l’Unicef pour évaluer la précarité à l’échelle européenne (« Je mange trois repas par jour », « J’ai au moins un jeu ou jouet adapté à mon âge », « Un endroit pour faire mes devoirs au calme »…).

« IMMENSE SOLITUDE »

Cette précarité va de pair avec d’importantes difficultés d’intégration dans toutes les sphères de la vie sociale, note l’Unicef, en un « cumul des inégalités » qui a « une forte probabilité d’être vécu comme une souffrance ». En famille, une proportion non négligeable d’interrogés disent ne pas se sentir valorisés par son père (23 % des 15 ans et plus), ou sa mère (11% des 15 ans et plus). Vivre, même, des relations tendues avec ses parents (autour de 40%). Dans les familles les moins nanties, la moitié des jeunes a fait état de tensions.

Mêmes difficultés accrues à l’école, qui « ne joue pas son rôle de reconnaissance et de protection pour un grand nombre d’enfants », regrette l’Unicef. Près de la moitié des sondés (45%) se sentent angoissés à l’idée de ne pas réussir. Chiffre qui atteint 60% chez les jeunes en situation de privation.

Malgré les sommes « considérables » investies dans l’éducation et la prise en charge des enfants, analyse, dans l’étude, la pédiatre et psychothérapeute Catherine Dolto, « un trop grand nombre d’entre eux se sentent à la dérive dans le tournant de l’adolescence ». Derrière ces vies « très privilégiées au regard de la majorité des enfants du monde », se cachent l’alcoolisme, la drogue, le harcèlement, « une immense solitude, un désarroi qui étouffent insidieusement le désir de vivre ».

« ANGOISSE RELATIONNELLE »

81% des participants ont avoué qu’il leur arrivait d’être tristes ou « cafardeux », 52% de n’avoir plus goût à rien. L’alcool est de consommation habituelle, jusqu’à l’ivresse, pour 41% des plus de 15 ans. La drogue, pour 32%. Une fois encore, ce sont les adolescents les plus démunis qui sont le plus sujets aux conduites addictives. Le plus tentés, aussi, par le suicide, question par ailleurs « fortement présente » à l’esprit des adolescents sollicités. 32% reconnaissent qu’il leur est arrivé d’y penser. 12% qu’ils ont tenté de mettre fin à leurs jours.

« Le harcèlement sur les réseaux sociaux joue un rôle crucial dans le passage à l’acte, multipliant les risques par trois, s’alarme Serge Paugam, sociologue et directeur de recherches au CNRS, qui a encadré l’étude. Ces réseaux développent les liens sociaux des ados qui y sont présents à près de 90%. Mais le manque de “popularité”, la critique, le harcèlement les entraînent dans une angoisse relationnelle qui explique les tentatives de suicide.»

Autre intérêt de l’étude, pour le sociologue : l’impact confirmé des séparations parentales dans le mal-être adolescent. « Ce n’est pas du modèle familial lui-même que naît la souffrance, mais de la manière dont il est vécu et regardé par la société ; des tensions et de l’isolement qu’il génère », complète le docteur Dolto. D’où la nécessité d’inventer de nouveaux lieux d’écoute et des formes étroites d’accompagnement. Le rapport tiré de cette étude vaudra « interpellation des pouvoirs publics et de la société civile dans son ensemble », espère la présidente d’Unicef-France, Michèle Barzach. « Nous avons tous un devoir de réassurance vis-à-vis de ces jeunes. »


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