Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a exhorté jeudi 11 septembre, les gouvernements à entreprendre des réformes structurelles et à accroître l'investissement public pour relancer l'économie de la zone euro, en parallèle aux mesures de soutien monétaire décidées par la BCE.
S'exprimant au lendemain de la présentation de l'équipe de Jean-Claude Juncker à la Commission européenne, il a également jugé utile d'avoir une discussion sur la politique budgétaire globale de la zone euro avec l'idée d'augmenter l'investissement public pour soutenir la croissance.
« Mon principal message aujourd'hui est que la zone euro ne verra l'investissement repartir que si les politiques structurelle, budgétaire et monétaire avancent main dans la main », a-t-il dit au forum financier Eurofi à Milan.
Le président de la BCE a redit que la banque centrale se tenait prête à « prendre de nouvelles mesures si nécessaire », mais il a consacré l'essentiel de son discours à l'investissement, condition sine qua non selon lui pour le retour à une croissance durable.
DIVERSIFIER LES SOURCES DE FINANCEMENT
Il a ainsi noté que l'investissement dans la zone euro ne s'était que légèrement amélioré par rapport à ses niveaux de 2008, alors qu'il est bien au-dessus de ses niveaux d'avant-crise aux Etats-Unis.
« Nous ne verrons pas de reprise soutenable tant que cela ne changera pas, a-t-il dit. Une augmentation décisive de l'investissement est essentielle pour rapprocher l'inflation du niveau où on voudrait la voir, pour stimuler l'économie et pour faire baisser le chômage. »
Il s'est félicité du projet de 300 milliards d'euros d'investissements publics dans l'UE annoncé par Jean-Claude Juncker.
Pour relancer l'investissement des entreprises, Mario Draghi demande aux gouvernements d'améliorer leur environnement réglementaire afin de ne pas, a-t-il dit, « saper le moral des entrepreneurs. »
Un autre moyen d'encourager l'investissement consiste à diversifier les sources de financement des entreprises au-delà du seul circuit bancaire, a poursuivi Mario Draghi.
« Il nous faut donc développer des sources fiables de financements non bancaires, tels que l'appel aux marchés d'actions et obligataires, la sécurisation, les prêts de compagnies d'assurance ou de sociétés de gestion, le capital-risque et le financement participatif », a-t-il dit.
Evoquant la politique budgétaire, Mario Draghi a appelé de ses voeux une « mise en oeuvre cohérente et crédible » du Pacte de stabilité et de croissance de l'Union européenne, qui limite les déficits des Etats membres à 3% du produit intérieur brut.
« Les gouvernements peuvent trouver de l'espace pour soutenir l'investissement productif et parvenir à une composition des politiques budgétaires plus favorable à la croissance », a assuré M. Draghi.
A Jackson Hole (Wyoming), aux Etats-Unis, le 22 août, lors d'une réunion des banquiers centraux de la planète, M. Draghi avait déjà déclaré que les gouvernements devraient profiter de la « souplesse » qu'offrent les règles budgétaires pour soutenir la demande trop faible, et réfléchir à un programme d'investissement public européen.
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