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Comment l'Etat islamique contourne la censure sur les réseaux sociaux

Les combattants de l'Etat islamique, après avoir été censurés sur Twitter, se sont rabattus sur divers réseaux sociaux et outils en ligne.

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Publié le 22 août 2014 à 20h52, modifié le 23 août 2014 à 08h54

Temps de Lecture 3 min.

Des partisans de l’État islamique à Mossoul, en juin.

Depuis des mois, les combattants de l'Etat islamique ont fait des réseaux sociaux, et plus particulièrement de Twitter, l'un de leurs principaux canaux de propagande. Mais après la diffusion en grand nombre de la vidéo de l'assassinat du journaliste américain James Foley, le réseau social a entrepris depuis quelques jours de faire le ménage parmi ces profils.

Si plusieurs dizaines de comptes affiliés à l'Etat islamique, diffusant parfois des images extrêmement violentes, y sont toujours actifs, nombre d'utilisateurs ont été bloqués par le réseau, poussant les djihadistes à trouver des alternatives pour diffuser leurs messages. Leur préférence est allée à Diaspora. Plusieurs centaines de comptes ont été créés depuis quatre jours par des membres ou des sympathisants de l'Etat islamique sur ce réseau social.

Un réseau difficile à censurer

Diaspora, lancé en 2010, veut prendre le contre-pied des réseaux sociaux comme Facebook : là où ce dernier concentre et gère lui-même toutes les données de ses utilisateurs, Diaspora est complètement décentralisé.

Chaque utilisateur peut rejoindre un « pod » de Diaspora : chacun de ces nœuds est installé sur des serveurs gérés séparément par des contributeurs. Ainsi, les données sont dispersées et ne sont pas toutes concentrées entre les mains d'un géant américain qui les exploite via la publicité.

Mais cette belle idée a pour effet de rendre la suppression de contenus bien plus délicate que lorsque les données sont sous le contrôle d'un acteur unique. Il faut en effet que chaque propriétaire d'un « pod » procède lui-même à la suppression des contenus, selon ses propres règles, celles de la communauté ou, en dernier ressort, des lois de son pays.

Diaspora contraint à réagir

Devant l'afflux de djihadistes utilisant la plate-forme, la fondation Diaspora, qui s'occupe du développement du code faisant fonctionner le réseau, a dû réagir :

« Diaspora ne dispose pas de serveur central, il n'y donc aucun moyen pour l'équipe qui s'occupe du projet de retirer des contenus d'un nœud spécifique du réseau. C'est sans doute une des raisons qui ont attiré les activistes de l'EI sur notre réseau. »

Les responsables de Diaspora ont donc fait appel aux membres du réseau social afin d'« alerter les administrateurs des nœuds » sur des contenus potentiellement litigieux. Une liste de plus de 150 comptes liés à l'EI a également été dressée par la fondation, qui a ensuite alerté les administrateurs des serveurs concernés.

Une procédure assez efficace

La plupart des comptes de combattants de l'EI initialement identifiés et présents dans cette liste ont ensuite été supprimés. Une information confirmée par l'administrateur d'un des principaux « pod » hébergés en France. Mais Christophe Gallaire, photographe et utilisateur régulier du réseau social, ayant alerté très tôt sur l'arrivée de l'EI sur le réseau social, nuance quelque peu ce constat :

« Certains comptes ont été préservés par les administrateurs, et d'autres n'ont rien diffusé publiquement. Certains continuent à échanger en privé. »

Le message qui s'affiche lorsqu'on tente de se connecter à un compte supprimé de Diaspora

Un contributeur au projet Diaspora, Flaburgan (il insiste pour n'être identifié que par ce pseudonyme), se félicite quant à lui de la méthode adoptée par la communauté :

« Nous avons mis en place les moyens techniques pour rester dans la légalité et éviter que les appels à la haine se propagent. » 

Contrairement à ce que l'organisation très décentralisée du réseau aurait pu laisser penser, les djihadistes n'ont pas eu les coudées franches sur le réseau, sans doute grâce à la petite taille et à la réactivité de la communauté.

L'EI présent sur d'autres réseaux sociaux

C'est également le cas sur d'autres petits réseaux sociaux, comme Friendica ou Quitter, un temps utilisé par l'EI. Les comptes de ces derniers ont ainsi été promptement supprimés, tant sur le premier que sur le second.

Plusieurs comptes sympathisants de l'EI, en arabe et en anglais, sont aussi actifs sur le réseau social Ask.fm. Sur ce site, où les utilisateurs répondent à des questions qui leur sont soumises anonymement, on trouve notamment des utilisateurs se disant actuellement sur le terrain aux côtés de membres du groupe djihadiste. Ils délivrent leurs conseils à ceux qui demandent comment les rejoindre.

« C'est une question de politique, pas de business »

Les djihadistes continuent aussi à être présents sur d'autres outils en ligne, comme JustPasteIt. Ce site, qui permet à n'importe quel internaute de copier images et textes et de disposer ensuite d'un lien pour partager le document ainsi créé, est plébiscité depuis plusieurs semaines par les combattants de l'EI.

Interrogé par le Guardian, le fondateur du service, polonais, se dégageait de toute responsabilité :

« Je ne veux pas interférer avec quelque conflit que ce soit et prendre partie. JustPaste.it est simplement une plate-forme de partage de textes. C'est une question de politique, pas de business. »

L'EI a trouvé de nombreuses utilités à ce service : on y trouve de tout, des textes religieux, des photos de cadavres, et même un mode d'emploi pour rejoindre Diaspora.

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