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Le buzz que l’on ne voulait pas

Sur Internet, la censure ne pardonne pas. Lorsqu’une star ou un responsable politique souhaite soustraire une image aux regards, le cliché se met à circuler massivement. C’est l’« effet Streisand ».

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Publié le 31 octobre 2013 à 16h19, modifié le 11 février 2024 à 15h00

Temps de Lecture 3 min.

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Ecole Michelet, à Denain (Nord), le 3 septembre. François Hollande, lors d’un débat sur les rythmes scolaires. La photo a été supprimée par l’AFP.

En 2003, dans le cadre d’une vaste enquête sur l’érosion du littoral, le photographe Kenneth Adelman publie une vue aérienne d’une falaise au sommet de laquelle se trouve la villa de Barbra Streisand : un imposant manoir avec une piscine en forme de haricot. Irritée, la chanteuse poursuit M. Adelman, l’accusant de violer les lois antipaparazzi de Californie, et demande que la photo soit retirée. Le photographe et ses avocats expliquent que l’image montre la côte de Malibu vue d’hélicoptère, non la propriété d’une célébrité. Ils obtiennent gain de cause. Mais l’affaire s’ébruite, la photo est reprise sur les sites people. Elle est vue 420 000 fois dans le mois qui suit.

Une étoile est née : l’« effet Streisand ». Le phénomène se déroule toujours de la même façon. Au départ, peu de gens s’offusquent d’une photo peu avantageuse d’une star mise sur la Toile, d’un cliché provocant ou mettant en cause une institution ou un pouvoir. Mais les personnes concernées s’inquiètent, craignant qu’une telle représentation leur cause un préjudice. Ils demandent le retrait des images, portent plainte. Cette tentative de censure déclenche une réaction de défense des éditeurs, dénonçant la pression subie sur le Net.

Vue aérienne du manoir de Barbra Streisand, prise en 2003 par Kenneth Adelman, photo que la chanteuse américaine a essayé en vain de censurer.

Aussitôt, d’autres sites, des blogs, les réseaux sociaux montent l’affaire en épingle et montrent l’image incriminée, qui connaît dès lors une circulation inédite. Ainsi, la volonté de censurer des images peu vues déclenche le résultat inverse, puisqu’elles deviennent d’un seul coup populaires, suscitant un buzz non désiré. Un « effet pervers » instantané.

Prenons un exemple récent : une photo de François Hollande, dans laquelle le président arbore un sourire qu’on a dit « forcé » et « ridicule », est retirée le 3 septembre par l’AFP, qui demande aux journaux de ne pas l’utiliser. La requête laisse croire que l’Elysée est intervenu. Cette censure supposée enclenche un effet Streisand immédiat. La drôle de photo que personne n’avait relevée est massivement reprise, moquée et détournée.

VOLONTÉ DES SANS-GRADE

La liste des exemples est éclectique. En février, les agents de Beyoncé demandent à des sites musicaux de retirer des photos d’elle grimaçant sur scène et qui révèlent son impressionnante musculature. Aussitôt, le Web s’emballe, d’autant que la chanteuse a été élue en 2012 « plus belle femme du monde » par le magazine américain People. En mai, le clip d’Indochine réalisé par Xavier Dolan, College boy, montrant un élève humilié, tabassé et tué, fait réagir le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Il déclare vouloir l’interdire aux moins de 16 ans, voire 18 ans. Le clip est visionné un million de fois sur YouTube, dit-on sur le Net. Le 13 janvier, au cours d’un reportage du JT de France 2 sur la « manif pour tous », on voit le député du FN Gilbert Collard riant avec une journaliste de France 3. Celle-ci demande que la séquence soit retirée des archives. Mais l’émission « Arrêt sur images » fait une capture d’écran. L’éclat de rire est largement diffusé sur le Net.

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