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Le couple, cette norme qui culpabilise les célibataires

« Si à trente ans, tu n’es pas en couple, tu as raté ta vie. » Les normes sociales persistent à faire du célibataire un être atypique. Entretien avec la psychopraticienne Géraldyne Prévot-Gigant.

Propos recueillis par 

Publié le 24 novembre 2014 à 14h40, modifié le 01 février 2017 à 13h34

Temps de Lecture 2 min.

Des

La France compte au moins 18 millions de célibataires, la proportion étant de 35,8 % chez les femmes et de 42,7 % chez les hommes (Etat matrimonial légal, Insee 2013). Une grande majorité se disent agacés par les remarques de leur entourage sur leur statut amoureux (TNS Sofres pour Meetic.fr, 2014) : le couple reste majoritairement le modèle à atteindre, reléguant le célibat à l’atypie.

A l’occasion du 25 novembre, journée dédiée aux « Catherinettes » qui, comme le veut une tradition un brin désuète, désignent les jeunes femmes de 25 ans non mariées, la psychopraticienne Géralydine Prévot-Gigant, spécialisée dans l’accompagnement des femmes et auteure notamment de 50 exercices pour sortir du célibat (éd. Eyrolles), estime qu’« il faut avant tout faire confiance à la vie ».

Le célibat est-il un statut subi ou choisi ?

G. P.-G. : Comme pour beaucoup de choses dans la vie, le célibat peut rimer avec solitude ou avec liberté. Tout dépendra de l’état d’esprit de chacun, de son éducation et de son caractère. Si le célibataire est sensible aux regards des autres, il vivra très mal son célibat. S’il s’agit au contraire d’un célibataire au caractère plus trempé, il vivra sereinement sa situation.

Si le célibataire sort d’un divorce houleux ou s’il n’a pas fait le deuil de la relation, sa situation lui sera extrêmement difficile, le renvoyant sans cesse à l’échec de sa vie sentimentale. Pour les uns, le célibat sera vécu comme une fatalité ; pour d’autres, il sera vécu comme une opportunité de se retrouver, de faire le point et de rencontrer de nouvelles personnes. Finalement, le célibat est teinté de nos croyances sur nous-même et sur la vie.

Peut-on parler de date limite à partir de laquelle le célibat fait tache ?

G. P.-G. : Ce sont malheureusement les normes sociales qui rendent difficiles le vécu du célibat. L’entourage amical, la famille, l’environnement professionnel renvoient (souvent) au célibataire une image dévalorisée : si on est célibataire, et surtout une femme, à trente ans et plus, c’est que nous avons un problème. Pour beaucoup, le célibat à la trentaine est une anomalie : tout le monde, passé trente ans, devrait avoir un conjoint ; et, entre trente et quarante ans, avoir au moins un enfant !

Certaines de mes patientes me disent carrément : « Je suis célibataire sans enfant, j’ai dépassé trente ans, donc j’ai raté ma vie. » Cette norme culpabilise énormément les célibataires et les empêche de se poser les bonnes questions telles que « qu’est-ce que je veux vraiment ? », « est-ce que je m’autorise à ne pas faire comme tout le monde ? » et « où se trouve le bonheur pour moi ? ». La norme n’indique pas où se trouve le bonheur mais rassure le collectif.

Si tant est que le « soliste » le souhaite, comment sortir du célibat ?

G. P.-G. : Sortir de cette condition repose sur deux piliers essentiels. Le premier impose de guérir des blessures du passé : mettre à jour les schémas répétitifs, prendre conscience de l’image parentale, découvrir les éventuelles légendes familiales. Le deuxième pilier implique d’apprendre à s’aimer, non pas d’un amour égoïste et égocentrique, mais de se réconcilier avec soi-même.

Cela passe par plusieurs étapes comme celle de porter un autre regard sur soi, d’abolir les auto-jugements, de mettre à distance les comportements auto-destructeurs et de mettre en place des actions bienfaisantes. Une fois apprivoisés, les moments de solitude seront sources de bien-être. Le célibataire gagnera à assumer, et même aimer, sa condition et à en faire une opportunité. Jusqu’à ce que l’amour se présente à sa porte…

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