Ils ne passent ni devant le maire, ni devant le curé, n’officialisent pas leur situation par un pacte civil de solidarité (pacs), mais vivent ensemble, quelques mois ou de longues années. Qui sont ces 550 000 couples en « union libre » qui se forment chaque année ? L’Institut national de la statistique et des études publiques (Insee) leur a consacré une étude, publiée mardi 21 novembre dans le cadre du portrait social de la France.
- Plus de la moitié des couples qui se forment
Près d’un million de couples se forment chaque année dont plus de la moitié en union libre, soit davantage que le nombre de mariages et de pacs réunis.
- Une pratique relativement récente
Vivre en concubinage a longtemps été une pratique ultraminoritaire : seuls 2,9 % des couples n’étaient pas mariés en 1962, 2,6 % en 1975 et seulement 6,3 % en 1982. Aujourd’hui, c’est le cas de plus d’un quart des unions (26 %), soit 19 % d’unions libres et 7 % de pacs.
- Plus jeunes que les couples mariés
L’effet de génération joue à plein puisque la part des couples mariés est inversement proportionnelle à l’âge des personnes. Au-delà de 45 ans, plus des trois quarts des couples sont mariés. Les personnes vivant en union libre sont plus jeunes de 17 ans en moyenne que les personnes mariées : 38,5 ans contre 55,5 ans. Le pacs n’ayant été introduit qu’en 1999, les personnes pacsées sont encore un peu plus jeunes, avec une moyenne de 37,5 ans.
L’Insee note que les écarts d’âge sont plus importants au sein des couples en union libre : dans 10 % des cas, il y a plus de dix ans d’écart entre les deux partenaires, contre seulement 8 % pour les pacsés et 7 % pour les couples mariés.
- Moins diplômés et moins riches
Malgré la correction de l’effet lié à l’âge, les couples en union libre sont moins diplômés en moyenne que les couples formels : 28 % des concubins ont un niveau d’études inférieur au bac, contre 20 % des mariés et 13 % des pacsés.
Corollaire du niveau d’études, les revenus des couples en union libre sont également plus faibles. En revanche, les écarts sont plus faibles entre les deux partenaires : dans 47 % des cas, le plus riche gagne moins de 60 % du total des revenus du couple, alors que ce n’est le cas que pour 33 % des mariages.
Résultat de cette répartition plus égalitaire, la chute de revenus est moins brutale en cas de séparation. Le niveau de vie des femmes (souvent les plus affectées financièrement), baisse de 14 % après la rupture d’une union libre, contre 25 % après un divorce.
- Une situation parfois transitoire
Si l’entrée dans le couple se fait très majoritairement par l’union libre, cette situation est amenée à évoluer rapidement. Moins de la moitié des couples restent en concubinage quatre ans après s’être installés. Les autres choisissent, selon leur histoire, de contractualiser leur union ou de se séparer. Selon l’Insee, ce sont les couples les plus aisés qui se tournent le plus vers le pacs ou le mariage dans les trois ans qui suivent leur union.
- Plus des deux tiers des séparations
Si s’installer en union libre est facile, la séparation est aussi bien moins contraignante que le divorce ou même la rupture d’un pacs. Résultat : l’Insee estime que 265 000 couples de concubins ont rompu en moyenne entre 2011 et 2014, selon l’Insee, ce qui représente les deux tiers du total des séparations. Près de 20 % des ruptures d’union libre concernent des personnes de 24 à 27 ans, alors que le pic des divorces est bien plus tardif, autour de 40 ans.
- 210 000 enfants mineurs touchés par les ruptures
Même si les personnes qui n’ont pas contractualisé leur union ont proportionnellement moins d’enfants que les personnes mariées, les séparations des couples en union libre ont affecté entre 200 000 et 225 000 enfants mineurs par an entre 2011 et 2014, soit bien davantage que les 150 000 enfants de divorcés. En moyenne, ces enfants sont plus jeunes que ceux des couples mariés (8,5 ans pour l’aîné et 6 ans pour le plus jeune).
Au total, plus de 380 000 mineurs subissent la rupture de leurs parents. Que ces derniers soient pacsés ou en union libre, les obligations (garde, autorité parentale, pension alimentaire) sont les mêmes que pour les couples mariés et les enfants peuvent demander à être entendus par un juge aux affaires familiales.
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