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Après la répudiation de Steve Bannon par Donald Trump, le Parti républicain jubile

Maintenant que l’ancien directeur de campagne du président américain a été renié, l’establishment républicain a retrouvé le sourire, sinon le pouvoir.

Le Monde avec AFP

Publié le 05 janvier 2018 à 09h38, modifié le 05 janvier 2018 à 14h41

Temps de Lecture 3 min.

Donald Trump parle à son ancien directeur général de compagne, Steve Bannon, lors d’une cérémonie à la Maison Blanche, le 22 janvier 2017.

Le livre de Michael Wolff Fire and Fury: Inside the Trump White House, dont la publication a été avancée à vendredi 5 janvier, semble signer le divorce entre Donald Trump et son ancien directeur de campagne, Steve Bannon. Et rebat, par la même occasion, les cartes au sein du camp républicain.

Les bonnes feuilles du livre révèlent que Steve Bannon considère le fils aîné du chef d’Etat américain  comme un « traître » et un « demeuré » pour avoir organisé une rencontre le 9 juin 2016 avec des Russes dans la Trump Tower. Avec cette sortie aux airs de règlements de comptes, l’ancien conseiller spécial du présidentdonne du grain à moudre au procureur spécial chargé d’enquêter sur les soupçons d’ingérence russe dans la campagne électorale de 2016 aux Etats-Unis, qui a conduit à plusieurs inculpations dans l’entourage de Donald Trump.

Des propos qui ont poussé Donald Trump à sortir de ses gonds. Dans un virulent communiqué, le chef de l’Etat a renié l’homme qui s’était autoproclamé gardien du trumpisme, l’accusant notamment d’avoir « perdu l’esprit » et reniant son influence sur sa candidature. Une prise de distance qui redonne le sourire, sinon le pouvoir, à l’establishment républicain.

Jusqu’à présent, deux factions se disputaient en effet l’oreille du président des Etats-Unis, qui jouait de leur rivalité. Le plus souvent, M. Trump s’associait aux chefs républicains du Congrès, partenaires forcés. Mais il laissait également de la place à Steve Bannon, en guerre ouverte avec ce qu’il appelle le « marigot », dans lequel il inclut tout ce que le parti compte de chefs, de caciques et d’élus — tous ceux qui, selon lui, diluent la pureté de la révolution trumpiste.

  • Acte I : chercher l’adoubement de Steve Bannon

Comment en est-on arrivé à cette situation ? M. Bannon était sorti d’un relatif anonymat par son recrutement surprise comme « directeur général » de sa campagne présidentielle, en août 2016, par Donald Trump, désireux de retrouver un nouveau souffle trois mois de l’élection. Il était alors le sulfureux patron du site ultranationaliste Breitbart News, dont les articles sont très partagés par la droite et l’extrême droite. Cet appui se traduisait par un soutien médiatique, par le biais de Breitbart, et financier, grâce aux donateurs amis.

Une fois élu, Donald Trump a gardé Steve Bannon à ses côtés, en le nommant, malgré les critiques au seins du Parti républicain, « conseiller spécial ». C’est Steve Bannon qui serait derrière certaines des mesures les plus controversées prises par l’administration Trump, notamment le « travel ban ». Au bout de sept mois mouvementés, en août, Steve Bannon est contraint de démissionner – Donald Trump voulant s’éloigner de sa ligne très dure après de vives critiques sur son manque de réactivité face aux manifestations de néo-nazis à Charlottesville. Officiellement pourtant, Steve Bannon reste en bons termes avec Donald Trump et entent « faire campagne depuis l’extérieur de la Maison Blanche » pour garantir la popularité du chef de l’Etat.

  • Acte II : tirer à vue sur l’ancien favori

Le livre Fire and Fury a changé la donne. Steve Bannon y tire à boulets rouges sur l’administration Trump, et notamment son entourage familial, provoquant la colère du chef de l’Etat.

Pour les cadres du Parti républicain, qui s’étaient toujours méfiés de ce sulfureux conseiller qui avait gagné en puissance, l’occasion est trop belle. Nombre d’entre eux ont publié des communiqués pour se distancier de l’ancien favori du président. Une prise de position stratégique, sachant que Donald Trump garde 82 % d’opinions favorables parmi les sympathisants républicains, selon l’institut Gallup.

« Trump aurait gagné la présidence avec ou sans Bannon », a lâché Newt Gingrich, un fidèle du milliardaire. « C’est la fin de Bannon », a déclaré Ed Rollins, un vétéran républicain, sur Fox Business.  Mitch McConnell a laissé échapper, dans un euphémisme, « s’associer à ce que le président a dit sur Steve Bannon ». « On ne voit pas qui sa toxicité va aider », a abondé Steven Law, qui dirige un puissant comité politique républicain.

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  • Acte III : Bannon lâché par ses propres soutiens

Même les alliés du patron de Breitbart le lâchent progressivement. La milliardaire ultraconservatrice Rebekah Mercer, actionnaire du site, a écrit dans un communiqué au Washington Post, jeudi, qu’elle n’avait pas parlé à Steve Bannon depuis des mois et que ni elle ni sa famille « ne sout[iennent] ses actes et déclarations récentes ».

Mais n’est ce pas tuer le rédacteur en chef de Breitbart News un peu rapidement ? Pour la presse américaine, Steven Bannon reste, plus que jamais, une menace contre Donald Trump s’il décide de retourner ses sympathisants contre la Maison Blanche. Avec, en ligne de mire, une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2020 qui se fait de plus en plus crédible.

Le Monde avec AFP

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