Le violoniste de jazz Didier Lockwood est mort dimanche 18 février à Paris. Il avait 62 ans. Sa disparition, « brutale », a été annoncée par son agent, Christophe Deghelt. Il avait participé à un concert, la veille, au bal Blomet, une salle parisienne.
« Didier c’était M. 100 000 volts. Je n’arrive pas à réaliser », a confié M. Deghelt, sous le choc. « On avait énormément de projets en cours. Il venait d’enregistrer un disque avec son épouse [la soprano] Patricia Petibon. »
La ministre de la culture, Françoise Nyssen, a salué sur Twitter la mémoire de cet « immense violoniste de jazz français, qui a sans cesse exploré de nouveaux horizons musicaux ».
« La France perd un musicien d’exception, un homme aux qualités rares », a souligné, de son côté, le violoniste Renaud Capuçon sur le réseau social.
Place singulière dans le paysage musical
Né à Calais en 1956, Didier Lockwood avait été révélé à 17 ans par la scène jazz-rock des années 1970 avec les groupes Magma et Zao avant de mener ses propres formations. Remarqué à ses débuts par Stéphane Grapelli, qui lui propose de l’accompagner en tournée, le musicien a ensuite collaboré avec de très nombreux artistes, de Miles Davis à Herbie Hancock en passant par Claude Nougaro, Barbara et Jacques Higelin.
Pendant plus de quarante ans, il a occupé une place singulière dans le paysage musical à travers ces nombreuses rencontres et projets dans divers styles : jazz-fusion électrique, jazz acoustique, jazz manouche, jazz et musique classique avec le spectacle « Le jazz et la diva » avec la cantatrice Caroline Casadesus, qui fut son épouse. Il avait reçu une Victoire de la musique en 1985.
« Ce n’est pas qu’un grand violoniste qui se tait aujourd’hui, c’est un défenseur de la musique et des arts qui fut pour moi un ami éclairé, un roi de cœur », a rendu hommage François Lacharme, président de l’Académie du jazz, dans un communiqué.
« Avec son violon, cette petite caisse où tourbillonnait avec un charme infini la bohème, le swing, les sons d’aujourd’hui… et un solide sens de l’humour, Didier Lockwood a enchanté la planète jazz bien au-delà de nos frontières. »
Engagé dans l’éducation à la musique
Didier Lockwood était aussi très impliqué dans l’éducation musicale : auteur d’une méthode d’apprentissage du violon jazz, il avait créé en 2001 une école d’enseignement de l’improvisation, le Centre des musiques Didier Lockwood à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), dont il fut adjoint à la culture.
Il avait également remis en 2016 un rapport au gouvernement sur l’apprentissage de la musique. Il s’y inquiétait d’une enfance « formatée » par la technologie moderne et en « panne de sens » et prônait une éducation par plus d’oralité et moins de solfège.
Il devait rendre hommage à Django Reinhardt lors d’un concert prévu en mars.
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