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La Bourse de Chicago institutionnalise le bitcoin

Si la reconnaissance de la cryptomonnaie n’est pas encore complète, il sera désormais possible de parier sur son évolution. De quoi donner des gages de sérieux à une devise volatile.

Par  (New York, correspondant)

Publié le 11 décembre 2017 à 02h45, modifié le 11 décembre 2017 à 07h41

Temps de Lecture 3 min.

Un terminal d’achat de bitcoins à Vilnius, le 8 décembre.

Le bitcoin vaudra 17 310 dollars le 17 janvier 2018, soit 1 000 dollars de plus qu’aujourd’hui. C’est ce que prévoyait le Chicago Board Options Exchange (CBOE), dimanche 10 décembre, peu avant 21 heures locales, dans la foulée de l’inauguration du premier marché à terme sur la célèbre cryptomonnaie.

Cette première, très discrète, s’est faite sans célébration particulière. Mais avec 1 400 contrats échangés et une nette progression, elle institutionnalise une devise inventée en 2009, qui fait l’objet d’une folie spéculative et représente au total 250 milliards de dollars. Le bitcoin, qui cotait moins de 1 000 dollars au début de l’année, a dépassé les 17 000 la semaine dernière.

Pas pour le simple épargnant

Simple épargnant, n’espérez pas passer par la Bourse de Chicago pour spéculer sur le bitcoin. JP Morgan, Bank of America et Citigroup ne donneront pas accès à ce marché à leurs clients, tout comme les entreprises de courtage grand public comme Schwab. La banque d’affaires Goldman Sachs le fera, mais avec d’extrêmes précautions et seulement pour de riches clients.

Les banques sont divisées entre la tentation de participer à un marché juteux – plusieurs dizaines de fonds spécialisés dans les cryptomonnaies ont été lancés récemment – et le risque juridique qu’elles prennent en permettant à leurs clients d’acheter des produits dont la valeur ne repose sur rien : une action est une part d’entreprise ; une obligation est un prêt remboursable ; une devise est garantie par une banque centrale et une économie. Le bitcoin n’a, lui, aucun sous-jacent. Il n’est que le fruit de l’offre et de la demande.

Sa reconnaissance n’est pas complète : le CBOE ne cote pas des bitcoins mais des contrats en dollars indexés sur le cours du bitcoin (la valeur de ce dernier est déterminée par une Bourse extérieure, Gemini, spécialisée dans l’échange techniquement complexe des cryptomonnaies). Le Chicago Mercantile Exchange (CME), qui lui emboîtera le pas dans une semaine, aura pour référence quatre autres bourses (Bitstamp, GDAX, itBit et Kraken). On le voit, à Chicago, on est prudent : nul n’achètera ni ne vendra de vrais bitcoins.

Selon ses défenseurs, la cotation indirecte du bitcoin à Chicago, qui permet de vendre à terme et donc de spéculer à la baisse, pourrait tempérer la folie haussière. Des mesures de précaution ont été prises pour éviter les faillites sur ce marché hautement volatil : un dépôt supérieur à 40 % du prix du contrat sera exigé, tandis que les variations de cours supérieures à 10 % et 20 % entraîneront l’arrêt momentané des cotations.

Le bitcoin porte des innovations majeures : comme l’or, il ne dépend pas d’une banque centrale ou d’une autorité politique, il est très pratique pour blanchir de l’argent, échapper à l’Etat et l’hyperinflation

Sur le papier, il semble possible de manipuler indirectement le marché de Chicago en achetant ou vendant de vrais bitcoins sur les cinq Bourses partenaires du CME et du CBOE qui ont des volumes très faibles. Mais, explique le Wall Street Journal, ces Bourses assurent avoir pris des mesures antiblanchiment et avoir renforcé leur régulation.

En attendant, l’histoire devra trancher, entre ceux qui dénoncent une bulle spéculative voire une escroquerie et ceux qui décèlent une invention géniale, la monnaie de demain. Alan Greenspan, l’ancien président de la Réserve fédérale américaine, fait partie des premiers, qui a jugé que le bitcoin n’était pas une « monnaie rationnelle ». Il l’a comparé au continental, monnaie papier créée par les révolutionnaires américains en 1775 et qui finit par s’effondrer en 1782.

Une vie en cercle fermé

D’un autre côté, le bitcoin porte des innovations majeures : comme l’or, il ne dépend pas d’une banque centrale ou d’une autorité politique, il est très pratique pour blanchir de l’argent, échapper à l’Etat et l’hyperinflation – la quantité de bitcoins, actuellement de 16,7 millions, ne peut pas dépasser 21 millions –, ce qui explique son succès en Chine ou dans des pays faillis comme au Venezuela. Le bitcoin n’est pas non plus sans danger, près d’un million de bitcoins ayant été hackés ou volés.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Le bitcoin, un bulbe de tulipe 2.0 ?

Les banques centrales s’en sont jusqu’à présent peu préoccupées, les masses en jeu n’étant pas suffisamment importantes. Les bitcoins, dont beaucoup sont en sommeil dans des ordinateurs, vivent plutôt en cercle fermé – ils ne servent pas de monnaie d’échange ou de contrepartie réelle. Leur effondrement n’aurait, pour l’instant, pas d’effet systémique.

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