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Les raisons de l’intérêt des GAFA pour nos enfants

Le marché des 6-12 ans devient un enjeu pour la croissance future de Facebook et Google.

Par  (San Francisco, correspondance)

Publié le 09 décembre 2017 à 08h00, modifié le 09 décembre 2017 à 15h51

Temps de Lecture 4 min.

Facebook a lancé une version destinée aux 6-12 ans de sa plate-forme de messagerie Messenger.

Après avoir séduit les parents et les grands-parents, Facebook veut désormais attirer les enfants. Lundi 4 décembre, le réseau social a lancé une version destinée aux 6-12 ans de sa plate-forme de messagerie Messenger. Il n’est pas le seul à lorgner sur ce marché encore peu exploité par les géants de la Silicon Valley, notamment en raison de régulations plus strictes. Son grand rival, Google, l’a précédé, suscitant de multiples polémiques.

Pour le moment, Messenger Kids n’est disponible qu’aux Etats-Unis sur le système iOS d’Apple. L’application est similaire à sa grande sœur. Elle propose de discuter avec ses amis, de partager des photos et de passer des appels vidéo. La société promet qu’il ne sera pas possible de partager des contenus violents ou à caractère sexuel. Elle assure également avoir sélectionné manuellement la librairie de GIF pour éviter des animations inappropriées.

L’application se distingue aussi par son processus d’inscription : un compte ne peut être créé que par un adulte déjà inscrit sur Facebook. « Messenger Kids donne plus de contrôle aux parents », explique Loren Cheng, responsable produit. Les enfants ne peuvent par exemple pas ajouter des contacts ou accepter des demandes extérieures. C’est aux parents de le faire. Ceux-ci ne peuvent en revanche pas lire à distance les discussions de leurs enfants.

Capter une nouvelle génération d’utilisateurs

Messenger Kids est le premier service de Facebook visant les moins de 13 ans. Officiellement, l’utilisation du réseau social est interdite sous cet âge, afin de respecter la législation américaine qui oblige les services Internet à obtenir un accord parental afin de pouvoir collecter et utiliser les données personnelles d’un enfant. Cependant, l’entreprise de Menlo Park n’effectue aucune démarche pour vérifier la date de naissance renseignée au moment de l’inscription.

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Facebook assure qu’il ne compte par monétiser sa nouvelle application. « Il n’y a aucune publicité sur Messenger Kids, et les informations sur l’enfant ne seront pas utilisées à des fins publicitaires », indique M. Cheng. Pour le groupe, l’intérêt est ailleurs. En rassurant les parents, il espère capter, dès le plus jeune âge, une nouvelle génération d’utilisateurs de ses services. Et ainsi éviter qu’elle ne rejoigne en grandissant d’autres plates-formes, comme Snapchat, qui est très populaire chez les adolescents.

L’application suscite le débat

Depuis son lancement, l’application suscite le débat. « Pourquoi les parents devraient faire confiance à Facebook pour agir dans l’intérêt de leurs enfants ? », se demande Jim Steyer, directeur de l’organisation Common Sense Media. « Il est impossible de savoir ce qu’ils vont faire plus tard des données qu’ils collectent », renchérit Kristen Strader, du think tank Public Citizen. Jeudi 7 décembre, deux sénateurs démocrates ont par ailleurs envoyé un courrier à la société pour faire part de leurs inquiétudes et demander davantage de précisions.

Facebook suit la voie ouverte il y a deux ans par Google avec le lancement de YouTube Kids. La plate-forme de vidéos promettait aussi davantage de contrôle pour les parents et un filtrage des contenus. Elle a depuis été visée par plusieurs plaintes devant la Federal Trade Commission (FTC), l’agence fédérale chargée de la consommation. Des associations lui reprochent notamment d’avoir diffusé des vidéos créées par McDonald’s ou Coca-Cola, sans les avoir clairement présentées comme des publicités.

« Les études montrent que les jeunes enfants ne comprennent pas ce qu’est une publicité, souligne Mme Strader. C’est particulièrement inquiétant car cela peut provoquer des comportements à risques, notamment dans le domaine alimentaire. » Cette confusion est d’autant plus grande que les marques n’hésitent pas à envoyer leurs produits à de jeunes « influenceurs », des enfants stars sur YouTube qui testent ainsi de nouvelles confiseries ou déballent des jouets. Pour le moment, la FTC n’a pas encore condamné la société.

YouTube n’a pas renoncé aux publicités

Contrairement à Facebook, YouTube n’a pas renoncé aux publicités sur son application pour enfants. Tout juste promet-elle un nombre « limité » de spots publicitaires. Le potentiel est immense alors que les audiences des chaînes de télévision spécialisées reculent fortement. Plus de 40 % des 7-12 ans aux Etats-Unis regardent plusieurs vidéos chaque jour sur la plate-forme de Google. En août, elle a signé un contrat avec le fabricant de jouets Mattel, se chiffrant en dizaines de millions de dollars.

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Google part également à la conquête des enfants directement dans les écoles par l’intermédiaire des Chromebooks, des ordinateurs à bas coûts fonctionnant autour du navigateur Internet maison Chrome. En cinq ans, le moteur de recherche est devenu le leader du marché, dépassant Microsoft et Apple. Plus de la moitié des élèves du primaire et du secondaire utilisent désormais un Chromebook. En plus de leur prix attractif, ces appareils intègrent des logiciels spécialement conçus pour l’enseignement. Ils sont aussi extrêmement faciles à gérer et peuvent être partagés entre les élèves car l’ensemble des documents est automatiquement stocké dans le cloud.

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Google ne gagne que 30 dollars (25,5 euros) sur chaque ordinateur vendu. La société assure par ailleurs ne pas utiliser les données des enfants et des adolescents – une promesse qui ne convainc pas Electronic Frontier Foundation, association américaine de défense des libertés sur Internet. Son objectif est avant tout de les habituer à utiliser sa gamme de services, comme la boîte de courriers électroniques Gmail, la plate-forme de stockage Drive ou encore le navigateur Chrome. Et donc de maintenir sa position de leader sur le marché et de générer des recettes publicitaires supplémentaires pendant de nombreuses années.

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