Elle n’avait que 23 ans lorsque, son diplôme de Sciences Po en poche, Manon Carado, nouvelle jeune recrue d’Areva, a poussé la porte de We, le réseau interne de l’entreprise du nucléaire dévolu à l’équité entre les hommes et les femmes. C’était en 2007. A l’époque, on comptait deux cents réseaux féminins dans l’Hexagone. Ils sont actuellement plus de cinq cents, que ce soit des réseaux d’anciennes élèves, d’entreprises ou sectoriels (Financi’Elles – banque, finance et assurance, Elles bougent – ingénierie des transports, ou InterElles – industrie et technologie)…
Ce sont « les réseaux internes [qui] connaissent la poussée la plus spectaculaire », affirme Emmanuelle Gagliardi, directrice associée de l’agence ConnectingWoMen, co-auteure, avec Carole Michelon, du guide Réseaux au féminin (éditions Eyrolles), dont la 3e édition paraîtra en février 2018. Mais à quoi servent-ils ?
Pour Aude de Thuin, fondatrice en 2005 du Women’s Forum, aujourd’hui à la tête de Women in Africa (dont le premier événement s’est tenu à Marrakech, au Maroc, le 27 septembre), « les réseaux ne doivent pas servir à donner bonne conscience aux entreprises. Pour être utiles, ils doivent être pratiques ». C’est d’ailleurs cet aspect qui a séduit Manon Carado, aujourd’hui responsable de département au sein de New Areva : « Notre réflexion au sein de We a porté sur des problématiques concrètes comme, par exemple, le télétravail. Nous avons fait des propositions qui se sont ensuite concrétisées. Bref, rien à voir avec de simples bouffes entre filles ! »
« La mixité n’est pas qu’un problème de femmes »
Garance Wattez-Richard, coprésidente de Mix’In, le réseau d’AXA sur la diversité du genre, rappelle que « les initiatives conçues à l’origine pour les femmes bénéficient à terme aux deux sexes. C’est le cas, par exemple, du télétravail ou des mesures visant à l’équilibre vie personnelle-vie professionnelle… » Romain Champetier, 24 ans, chef de projet à la direction générale du groupe AXA, a rejoint Mix’In en début d’année, quelques mois seulement après son arrivée dans l’entreprise. Il fait partie des 35 % d’hommes du réseau. Sa motivation ? « La cause me tient à cœur. La mixité n’est pas qu’un problème de femmes. Ce doit être une co-construction », explique-t-il.
En intégrant ces réseaux d’entreprise, « on peut gagner dix ans de carrière ! », assure Emmanuelle Gagliardi. Maria Varela-Miens, 35 ans, chef de projet à la direction de la stratégie de la branche SNCF Logistics et membre de SNCF au féminin. Elle incite les jeunes à rejoindre de tels réseaux dès le début de leur vie professionnelle. Ce qu’elle-même n’a pas fait. « A l’âge de 20 ans, explique-t-elle, j’étais en école de commerce où la proportion de femmes était de 50 %, donc je n’avais pas conscience d’appartenir à une minorité, ni que la bataille pour l’égalité était loin d’être acquise. »
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