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La nouvelle feuille de route de Stéphane Richard à la tête d’Orange

Le PDG a été officiellement reconduit mardi par son conseil d’administration pour un troisième mandat.

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Publié le 20 février 2018 à 14h40, modifié le 21 février 2018 à 14h24

Temps de Lecture 5 min.

Stéphane Richard en mars 2016.

De la continuité, un renforcement dans les services et la cybersécurité, et un développement international parcimonieux, tel est le plan de vol de Stéphane Richard pour ces quatre prochaines années. Le PDG d’Orange a été reconduit officiellement par son conseil d’administration pour un troisième mandat, mardi 20 février.

Cette reconduction va s’accompagner d’un remodelage profond du comité exécutif du groupe. « Cela va se traduire par l’entrée de non-Français et par la poursuite de sa féminisation », indique M. Richard, qui réserve ses annonces pour le 5 mars. Selon nos informations, la plupart des directeurs généraux, à l’image de Bruno Mettling (Moyen-Orient Afrique), Thierry Bonhomme (Orange Business Services), Marc Rennard (banque mobile), Jérôme Barré (ressources humaines) et Pierre Louette (lobbying) quittent l’instance de direction. Certains changent d’attribution, d’autres s’en vont.

Sur le départ, Pierre Louette pourrait bientôt prendre la direction des Echos, souligne une source. Fabienne Dulac (Orange France) et Ramon Fernandez (direction financière) conservent leurs prérogatives, tandis qu’Alioune Ndiaye, à la tête de la filiale sénégalaise, devrait prendre du galon. Prolongé, Stéphane Richard peut aussi s’enorgueillir de résultats satisfaisants dans une industrie en berne. En 2017, le chiffre d’affaires a augmenté de 1,2 % à 41 milliards d’euros, et l’ebitda (équivalent du résultat brut d’exploitation) a progressé de 2,2 % à 13 milliards d’euros, selon des chiffres publiés le 21 février. Après un déclin continu depuis 2009, la France enregistre une légère progression 0,6 % à 18 milliards d’euros.

Poursuivre les efforts dans la fibre

Parmi ses chantiers, M. Richard va poursuivre les efforts dans la fibre, cet accès à l’Internet très haut débit. « On attend de nous que l’on termine le job. Cela va nécessiter des années d’investissements. Nous déployons en France, mais également en Pologne et en Espagne », explique le PDG. En tout, Orange comptait, fin 2017, 26,6 millions de foyers raccordables à la fibre, dont 9,1 millions en France, où il comptait aussi 2 millions d’abonnés. Cette politique d’investissement lui a permis de regagner des clients notamment dans les grandes villes, face à des opérateurs tels que Free (dont Xavier Niel, le fondateur, est actionnaire à titre personnel du Monde).

« Orange essaie de tuer la concurrence dans la fibre », s’insurge d’ailleurs un opérateur. Plusieurs dénoncent les pratiques de l’ancien monopole d’Etat, auquel ils louent ou achètent l’accès à certaines infrastructures. Ils prévoient de porter l’affaire devant l’Arcep, le régulateur des télécoms.

Outre la fibre, Orange souhaite accélérer dans les services. « Nous sommes l’un des très rares opérateurs à avoir une stratégie autre que les télécoms », se félicite Stéphane Richard, qui rappelle le lancement de sa banque mobile Orange Bank, qui comptait 55 000 clients fin 2017, et la création d’Orange Cyberdéfense. Cette activité de cybersécurité compte 1 000 salariés et génère une croissance de 20 % par an. Une déclinaison d’Orange Bank est programmée en Espagne tandis que l’opérateur lancera à l’automne Djingo, un assistant personnel développé en partenariat avec Deutsche Telekom. « Cela peut être le nouveau minitel. On ne peut pas se lamenter de la position des GAFA [Google, Amazon, Facebook, Apple], et ne rien faire ! », poursuit le PDG, qui prévoit des acquisitions ciblées dans ces domaines en France et à l’international.

Prudence à l’international

Enfin, M. Richard va poursuivre la « transformation interne de l’entreprise », afin de la rendre « plus agile ». « Nous voulons avoir une plus grande capacité d’attraction auprès des talents, notamment dans l’intelligence artificielle ou les métiers de la data. Sur le marché de l’emploi, nos vrais concurrents sont les start-up », dit le PDG.

En revanche, à l’international, l’ancien inspecteur des finances se montre plus que prudent. Pas question d’acheter tous azimuts et d’ouvrir les cordons de la Bourse. « Nous avons une taille qui nous permet d’avancer. Est-ce qu’on pourrait être plus gros ? Oui, c’est possible, mais ce n’est pas une question de vie ou de mort », souligne-t-il, se disant toutefois prêt à « saisir les opportunités qui pourraient se présenter ».

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Jusqu’où est-il prêt à aller ? En 2017, Orange et Deutsche Telekom ont discuté d’un rapprochement, mais les écarts de valorisations auraient abouti à une absorption pure et simple du français par l’allemand. Les deux partenaires ont mis fin aux discussions. En Afrique, Orange avait également étudié la reprise du groupe de télécoms sud-africain MTN, sans aboutir. « C’est une entreprise d’Afrique du Sud, où la charge émotionnelle est forte. C’est très compliqué », reconnaît le PDG. Sur le continent africain, toutefois, Stéphane Richard veut continuer à grossir. Il y a réalisé, en 2017, 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et un ebitda de 1,6 milliard d’euros, en hausse de 7 % à périmètre identique.

Relations complexes avec l’Elysée

Une chose est certaine, la reconduction de M. Richard n’était pas une évidence à l’Elysée. Selon plusieurs sources, Emmanuel Macron ne souhaitait pas reconduire l’ancien inspecteur des finances avec lequel les relations restent complexes. Le duo s’était notamment affronté lors du rachat avorté de Bouygues Telecom en 2016. Mais le PDG a mené une campagne efficace chez Orange pour s’assurant du vote des administrateurs indépendants et de la bienveillance des salariés, qu’il a conquis en résolvant la crise sociale aiguë de 2011.

Stéphane Richard, un choix par défaut ? « Pas de commentaire », répond-on au Château. Si l’Elysée n’a pas souhaité prendre le risque de déloger un patron qui fait consensus, c’est aussi parce que certains considèrent qu’il est en sursis. L’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde a été renvoyé devant le tribunal correctionnel dans l’affaire Tapie pour « complicité d’escroquerie » et « complicité de détournement de fonds publics » entre 2007 et 2009. Le procès devrait se tenir cette année, et le dirigeant s’est engagé à démissionner s’il était condamné.

En attendant, tout le monde scrute les intentions de l’Etat, qui possède 23 % du capital d’Orange. Pourrait-il céder ses parts ? Stéphane Richard assure ne pas avoir été mandaté pour lui trouver un remplaçant au capital. « Je ne vais pas aller m’épuiser à aller trouver des actionnaires potentiels alors que cela ne fait pas partie de ma feuille de route », dit-il. Pour l’instant.

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