LE SEXE SELON MAÏA
Blue Monday + 1 mois, dépression hivernale, il a plu, il a neigé, le comble du romantisme consiste à faire glisser sensuellement l’emballage plastique du plat micro-ondable, la libido se fait plus rare que les apparitions de Xavier Dupont de Ligonnès. Vous n’avez plus envie. Parce que ce ralentissement est considéré comme incontournable, vous pourriez même ne pas essayer. Mais parce que la Saint-Valentin arrive dans trois jours… vous êtes censé(e) faire un effort.
Se servir du calendrier pour mettre son désir sous pression ? Et pourquoi pas ? C’est toujours mieux que de baisser les bras. Et quitte à prendre l’initiative d’un réchauffement sexuel, autant ne pas attendre que ça vienne d’ailleurs – c’est-à-dire de votre partenaire, renvoyé d’office au rôle de mendiant, de psy ou de coach (ou de chippendale, soyons optimistes).
Première précision : prendre sur soi n’équivaut pas à se culpabiliser pour tout et n’importe quoi, mais à appliquer sa capacité d’action là où elle est nécessaire. Si votre partenaire ne fait aucun effort, ou semble prendre un malin plaisir à laisser traîner ses tasses de café, il est parfaitement légitime que la libido trinque – seulement, ce n’est pas en faisant de la rétention sexuelle que vous résoudrez le moindre problème domestique, sinon vous pensez bien que la question palestinienne serait réglée.
Vous n’êtes pas responsable non plus du décroissement statistique du désir : les femmes notamment commenceraient à se lasser après à peine une année de couple – une tendance à ne pas confondre avec une fatalité (car les couples qui ne croient pas aux statistiques s’en tirent mieux).
Equations assassines
Deuxièmement, parce que personne ne devrait faire l’amour sous pression des pairs ou d’une chronique dominicale (fût-elle signée d’une main aussi délicieuse que la mienne), rien ne vous oblige à maintenir une façade d’activité sexuelle. Parfois, les éléments sont contre vous : dépression, médication, bébé à bord… les raisons d’un désintérêt passager sont multiples.
C’est quand la négligence s’installe qu’il faut se demander, au moins, si elle est partagée. Car pour peu que les deux partenaires soient d’accord, la sexualité se range facilement au rayon « oubli » du congélateur, entre deux restes de Noël 2004. Une parfaite symétrie de l’indifférence est cependant rare, et la répétition du rejet se révèle, sans surprise, extrêmement difficile à avaler – surtout quand on se désinvestit aussi des baisers ou de la tendresse. Notre propension à la procrastination sexuelle a beau être sans limite, le conjoint délaissé sera tenté de se lancer dans des équations assassines : la télévision, les romans, le travail, et même les insomnies, passent avant les relations sexuelles – traduction : « passent avant moi ».
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