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Ne nous souhaitez pas une « bonne fête de la femme »

Officiellement dédiée à la lutte pour les droits des femmes, la journée du 8 mars est souvent détournée à des fins mercantiles… en général très sexistes.

Publié le 07 mars 2018 à 17h39, modifié le 08 mars 2018 à 09h35 Temps de Lecture 2 min.

Sur une table de la brasserie Black Pond Brews, à Danielson, dans le Connecticut en l’honneur de Journée internationale de la femme, le 4 mars.

Chaque 8 mars, en France officiellement depuis 1982, nous célébrons la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. En théorie. Dans la pratique, par flemme, ignorance ou mauvaise volonté, beaucoup parlent de « journée des femmes », voire de « fête de la femme ». Avec, dans son sillage, les sempiternelles opérations marketing de type « un kir royal offert pour Madame » ou « un vernis à ongles acheté, le deuxième gratuit ». Rose, évidemment, le vernis.

Pourtant, comme le souligne le Haut-Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH), cette journée a été créée « dans une perspective militante. [...] Le 8 mars n’est ni la Saint-Valentin, ni la fête des Mères ».

« Le 8 mars, ce n’est pas un jour en l’honneur des femmes, un hommage à la beauté des femmes, [...] c’est une journée pour rappeler le chemin qu’il reste à parcourir » en matière d’égalité entre les sexes, insiste le secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes sur Twitter.

Un message qui n’est pas toujours entendu.

Pour faire la publicité de la rencontre de D1 féminine entre l’En Avant et Montpellier, qui se déroulera le 8 mars, le club de foot de Guingamp a eu recours à des petits cœurs — roses —, à des T-shirts imprimés « Supportrice » — roses —, et ne parle pas du stade de Roudourou mais du « stade de Roudoudou » — ce n’est pas rose, mais on suppose que c’est plus mignon.

Dans la même veine, la brasserie écossaise Brewdog a cru opportun de lancer une « bière pour femmes » (on vous laisse deviner la couleur de la bouteille). L’entreprise s’est défendue de tout sexisme et a affirmé avoir voulu parodier les campagnes ciblant les consommatrices. Une explication qui n’a pas convaincu les amatrices de houblon, qui pointent un message confus.

Problème : ces deux exemples sont loin d’être isolés. « Chocolats réservés aux femmes, T-shirts imprimés “Woman”, soutifs, vibromasseurs, maquillage, bouquets de fleurs et autres joujous stéréotypés pour féministes en mousse font depuis deux semaines une percée remarquée en tête de gondole de nos commerces de proximité », s’agace le site Cheek Magazine.

Cette première Journée internationale des droits des femmes post-Weinstein et #MeToo « risque d’être encore plus violemment braquée par le marketing », regrette le pure player féminin, qui a décidé, en conséquence, de boycotter cette « parodie d’empowerment » [« acquisition du pouvoir »].

De son côté, la journaliste de Slate Nadia Daam n’est pas plus optimiste et ironise sur Twitter : « Deux ans après [sa publication], mon bingo 8 mars n’a pas pris une ride (étonnant hein). » Le principe : dans chaque case, vous trouverez des phrases que vous serez susceptibles d’entendre lors de la Journée internationale des droits des femmes. Il vous suffit de les cocher au fur et à mesure que vous les entendez. Exemple : « Je te tiens la porte mais profites-en, c’est que pour la journée de la femme hin hin. »

HIN HIN !

Non.

Ne.

Dites.

PAS.

Ça.

Comme le soulignent plusieurs comptes féministes sur Twitter sous les hashtags #PasDeFleurs et #8mars : « On ne veut pas des cadeaux, mais des droits effectifs et des salaires égaux ! » ; « Gardez vos bouquets et arrêtez de nous violer » ; « J’veux pas de lingerie, j’veux du sexe consenti ». Pas très compliqué à comprendre.

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