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Rugby : les Espagnols ne digèrent pas l’arbitrage de « voyou »

Battue par la Belgique, l’Espagne a raté sa qualification directe pour la Coupe du monde au profit de la Roumanie et cible l’arbitre… roumain de la rencontre.

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Publié le 19 mars 2018 à 17h40, modifié le 19 mars 2018 à 18h00

Temps de Lecture 23 min.

Alberto Blanco, joueur du XV espagnol, après la défaite face à la Belgique, dimanche 18 mars.

La nuit n’a pas apaisé leur colère. Les « Leones » sont toujours remontés après leur défaite, dimanche 18 mars, face à la Belgique qui hypothèque largement leurs chances de se qualifier pour la Coupe du monde, organisée en 2019 au Japon. Plus que le revers à Bruxelles face à un adversaire normalement à leur portée (10-18), les Espagnols dénoncent la prestation du trio arbitral, jugée au mieux médiocre, au pire orientée.

En cause : la désignation de trois Roumains au sifflet d’une partie décisive pour la qualification au Mondial de… la Roumanie. Le faux pas espagnol offre, en effet, aux « Chênes » une qualification directe presque inespérée et l’honneur de disputer le match d’ouverture face au pays hôte, le Japon. Comme ses coéquipiers, Lucas Guillaume, troisième ligne du XV de Leon et de Narbonne, est très remonté.

« Deux ans de travail ont été annihilés en quatre-vingt-dix minutes par un voyou. On se sent volés, usurpés. Il ne s’agit pas d’un match entre deux villages arbitré de manière louche, c’est une partie pour vivre ce qui se fait de mieux dans le rugby : une Coupe du monde. Je n’ai même plus envie de rejouer au rugby. »

« Incompétence » et « parti pris »

Propension à multiplier les pénalités en faveur des Belges, oubli malheureux d’arrêter le chronomètre quand chaque minute vaut de l’or : les décisions litigieuses de Vlad Iordachescu sur la pelouse du Petit Heysel, à Bruxelles, se comptent par dizaines. Dans une vidéo diffusée sur Youtube, un ancien arbitre écossais décortique la prestation du Roumain, entre « incompétence » et « parti pris ». « On était sur une moyenne de huit pénalités sifflées contre nous ces deux dernières années, abonde Guillaume Lucas. Là, il n’a pas fallu plus de dix minutes pour faire pire. »

Anticipant l’enjeu de cette ultime partie du Championnat d’Europe des nations (ou Tournoi des six nations B), la Fédération espagnole avait formulé un recours auprès de Rugby Europe. Cette demande a été balayée par l’organisation présidée par… le Roumain Octavian Morariu. L’instance avait désigné plusieurs mois à l’avance le trio arbitral et elle était la seule compétente pour en changer la composition.

Une décision risquée et d’autant moins compréhensible qu’elle concerne un arbitre qui n’a pas toujours fait l’unanimité, y compris en Belgique. « Son arbitrage lui vaut très souvent des critiques, même au cours de matchs sans enjeu, appuie Bruno Verscheure, journaliste pour le site belge de rugby Sportkipik.be. On le connaît bien ici, et beaucoup se plaignent dès qu’il est désigné pour diriger une partie de la Belgique. Il ne siffle pas bien. »

Sans aller jusqu’à parler d’un arbitrage orienté, Bruno Verscheure s’interroge sur la volonté de Rugby Europe de maintenir à tout prix M. Iordachescu aux commandes d’une rencontre aussi décisive :

« C’est triste, mais on peut quand même se poser des questions. Pourquoi refuser de changer d’arbitre ? Certes, au moment de sa désignation, personne n’imaginait que cette partie serait aussi importante. Mais c’était prendre trop de risques que de le laisser en place. »

Un recours sans illusion

En Espagne, le sentiment de gâchis est à la hauteur de l’engouement soudain pour un sport jusqu’ici anonyme. Renforcé par l’arrivée de nombreux Français (comme l’ancien ouvreur du Stade Toulousain, Mathieu Bélie), le XV de Leon s’était offert la « une » de Marca, le très influent quotidien sportif, après s’être ouvert les portes vers une qualification pour le Mondial, une première depuis 1999.

Mais la belle histoire a vécu. Les Espagnols s’en sont pris à l’arbitre dès le coup de sifflet final. Les images de l’escorte improvisée de M. Iordachescu jusqu’au vestiaire ont fait le tour d’Internet. Bien plus que la compilation de ses multiples interprétations douteuses.

« On reste des hommes, on a dégoupillé, c’est vrai, reconnaît Lucas Guillaume. Mais l’arbitre n’a pas été touché, ni violenté. » « On n’a pas porté atteinte à son intégrité, abonde Gauthier Gibouin, son capitaine. Notre déception est à la hauteur de l’enjeu : ce sont quatre ans de travail pour le développement de ce sport qui sont partis en fumée. »

La Fédération espagnole a rapidement formé un recours auprès de Rugby Europe, pour obtenir, cette fois, le droit de rejouer la rencontre. Sans réel espoir. « Nos dirigeants nous ont dit de ne rien en attendre, regrette Gauthier Gibouin. On se fait peu d’illusions maintenant. »

Dans l’attente du « Rapport d’évaluation du Superviseur des officiels de la rencontre », qui sera analysé, vendredi 23 mars, par son comité de désignation des arbitres, l’instance européenne s’est défendue, arguant avoir « toujours œuvré en sélectionnant les meilleurs arbitres internationaux quelles que soient les compétitions ».

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Cette mauvaise blague belge oblige les Espagnols à prendre un itinéraire détourné pour espérer voir le Japon. Il leur faudra sortir victorieux d’un barrage entre voisins face au Portugal, avant de défier les redoutables Samoa. Et en cas de défaite, une dernière chance leur sera offerte lors d’un tournoi de repêchage avec quatre équipes, dont le Canada. Le rugby, ce sport où on aime faire simple.

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