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Etats-Unis : un véhicule autonome d’Uber provoque la mort une piétonne

Plusieurs entreprises américaines se livrent une bataille acharnée pour développer cette technologie, porteuse d’un enjeu économique énorme.

Par  (San Francisco, correspondante) (avec AFP)

Publié le 19 mars 2018 à 18h57, modifié le 20 mars 2018 à 12h40

Temps de Lecture 3 min.

Véhicule autonome Uber lors d’un essai sur route, à San Francisco (Californie), en décembre 2016.

C’est l’accident que les anti-tech attendaient : celui qui prouve que les voitures autonomes sont loin d’être au point, et que les constructeurs poussent au développement d’une technologie au potentiel économique colossal sans avoir pris toutes les garanties pour la sécurité des humains. Pour les partisans de la révolution de la voiture sans chauffeur, qui plaident sans relâche que la technologie réduira considérablement le nombre d’accidents, c’est un recul. Un incident malheureux mais qui ne devrait pas remettre en cause les essais des milliers de voitures autonomes qui circulent quotidiennement sur les routes américaines, où 6 000 piétons sont tués chaque année par des véhicules conduits par des humains.

Le premier accident mortel impliquant un humain et un véhicule autonome Uber dans une ville américaine a fait entrer le secteur de la voiture sans chauffeur dans une nouvelle phase. Selon la police de Tempe (Arizona), Elaine Herzberg, une passante de 49 ans, a succombé à ses blessures lundi 19 mars après avoir été heurtée la veille à 22 heures par un véhicule autonome de la flotte de Uber près d’un carrefour de cette agglomération de la grande banlieue de Phoenix. La victime traversait en dehors du passage protégé, a précisé la police. Elle poussait un vélo à la main. Le véhicule était en mode autonome mais un conducteur auxiliaire était assis sur le siège conducteur. Il n’est pas intervenu. La voiture – un 4 x 4 Volvo XC90 – roulait à 64 km/h, dans une zone où la vitesse est limitée à 56 km/h.

Les essais suspendus dans les villes laboratoires d’Uber

Uber a aussitôt suspendu ses essais de véhicules autonomes dans ses villes laboratoires : Tempe, Pittsburgh (Ohio), San Francisco et Toronto. Son nouveau PDG, Dara Khosrowshahi, s’est déclaré consterné. « Nous travaillons avec les autorités locales pour comprendre ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.

Pour la firme de VTC, à peine sortie d’un procès contre Waymo pour vol de secrets industriels, impliquant justement le logiciel Lidar de reconnaissance des formes utilisé par les voitures autonomes, c’est un nouveau coup dur. La firme a néanmoins été confortée par les premières constatations de la police, qui a visionné les images tournées par les multiples caméras de la voiture. Celles-ci ont plutôt dédouané le robot. Elaine Herzberg a surgi dans un angle mort, a assuré le chef de la police, et il aurait été extrêmement difficile de l’éviter.

Image extraite d’une vidéo montrant la police enquêtant sur le lieu où une piétonne a trouvé la mort, renversée par un véhicule autonome Uber à Tempe (Arizona), le 18 mars.

Un accident mortel de ce type avait été jugé inéluctable par les experts, avec le risque d’accentuer l’anxiété du public. « La technologie des véhicules autonomes a encore beaucoup de chemin à faire avant d’être véritablement sûre pour les passagers, les piétons et les conducteurs qui partagent les routes américaines », a réagi le sénateur démocrate du Connecticut Richard Blumenthal, qui souhaite introduire une réglementation au niveau fédéral.

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Forcing des constructeurs

Certains ont mis en cause le forcing des constructeurs pour remporter la bataille du véhicule entièrement autonome sur les routes, et la facilité avec laquelle les Etats se laissent entraîner dans la compétition. Fin 2016, le gouverneur républicain de l’Arizona, Doug Ducey, avait décidé d’assouplir la réglementation pour attirer Uber, Waymo et Lyft, une flexibilité qui a fait de l’Etat l’une des bases privilégiées des flottes des développeurs. Les véhicules n’y ont même pas besoin de permis spécial, ni de communiquer leur programme de circulation ou fournir de compte tendu d’incidents aux autorités. Récemment, le gouverneur venait de réviser son décret en autorisant désormais les essais sans même un humain à bord.

La Californie devait suivre, à partir du 1er avril, mais les autorités ont fait savoir qu’elles attendaient d’en savoir plus sur l’accident de Tempe. La mort d’Elaine Herzberg « aurait pu être facilement évitée », affirme Brian Wiedenmeier, le directeur de la San Francisco Bicycle Coalition. « Nous avons mis en garde Uber de manière répétée : sortir précipitamment une technologie avant qu’elle soit prête est inacceptable. » Les cyclistes s’étaient particulièrement plaints, en 2016, des virages des véhicules Uber coupant la voie de droite réservée aux deux-roues. L’association avait lancé une pétition demandant à la société de corriger ses logiciels.

Au contraire de l’Arizona, la Californie impose aux constructeurs de faire un rapport des incidents survenus sur la route, même mineurs. Depuis l’ouverture des registres, le 14 octobre 2014, le bureau des véhicules à moteur (DMV) a consigné 59 collisions. Dont sept depuis le début de l’année. Une nouvelle catégorie y est apparue : des manifestations d’hostilité d’humains envers la machine. Le 10 janvier, à San Francisco, un piéton s’en est pris à un véhicule GM Cruise, qu’il a frappé « de tout son corps ». Le 28 janvier, un chauffeur de taxi s’est approché de la voiture autonome et a éraflé la vitre avant du passager…

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