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Après la profanation du cimetière juif de Quatzenheim, Macron s’engage à légiférer

Cette profanation intervient le jour même où une partie des Français ont choisi de descendre dans la rue pour marquer leur opposition à l’antisémitisme.

Le Monde avec AFP

Publié le 19 février 2019 à 12h16, modifié le 19 février 2019 à 17h18

Temps de Lecture 3 min.

Emmanuel Macron au cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin), mardi 19 février.

Emmanuel Macron s’est engagé mardi 19 février à agir, légiférer et « punir », à son arrivée au cimetière de Quatzenheim (Bas-Rhin), où plus de quatre-vingts tombes juives ont été profanées, couvertes de croix gammées. « Ceux qui ont fait ça ne sont pas dignes de la République et elle les punira », a déclaré le chef de l’Etat, qui se rendra ensuite au Mémorial de la Shoah à Paris et s’exprimera mercredi devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

« On prendra des actes, on prendra des lois et on punira », a-t-il ajouté, s’entretenant avec des habitants, consternés. Accompagné du grand rabbin de France, Haïm Korsia, et portant la kippa, il s’est ensuite recueilli devant plusieurs tombes, posant une pierre sur l’une d’elles, « pour que le souvenir ne s’estompe pas ».

Il a dit sa « honte » et sa « détermination » à lutter contre l’antisémitisme. « Ce n’est pas aux juifs de France de se défendre, c’est à la République », a-t-il ajouté. Cette lutte contre l’antisémitisme ne passera cependant pas par une loi punissant l’antisionisme (l’opposition à l’Etat d’Israël), demandée par certains députés de sa majorité et à laquelle le chef de l’Etat s’est dit opposé.

Quatre-vingts tombes profanées

Plus tôt dans la matinée, la préfecture du Bas-Rhin avait annoncé qu’« environ quatre-vingts sépultures du cimetière israélite de Quatzenheim ont été découvertes profanées », marquées à la bombe de croix gammées. Le parquet de Strasbourg a ensuite ouvert une « enquête de flagrance » confiée à la section de recherches de la gendarmerie de la capitale alsacienne.

Un gendarme français mène l’enquête dans le cimetière juif de Quatzenheim.

Selon des journalistes de l’Agence France-Presse, les tombes de ce cimetière, installé depuis 1795 à Quatzenheim, un village de 800 habitants, ont été marquées à la bombe de croix gammées bleues et jaunes. Une sépulture porte également l’inscription « Elsassisches Schwarzen Wolfe » (« Les loups noirs alsaciens »), possible référence à un groupe autonomiste actif dans les années 1970.

D’autres croix gammées ont été marquées à la bombe sur le portail d’une maison, en lisière du cimetière, et sur le mur d’enceinte.

« Ecœurement »

Outre M. Macron, d’autres personnalités politiques n’ont pas tardé à exprimer leur rejet de l’antisémitisme. « Indignation et écœurement. Ces actes répugnants sont une injure à la mémoire de notre pays. Aux valeurs qui ont forgé l’âme de notre peuple. Tout sera mis en œuvre pour qu’ils ne restent [pas] impunis », a tweeté le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.

Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a quant à lui condamné solennellement mardi une profanation « ignoble ». « Une fois de plus, une fois de trop, des inscriptions rappelant les heures les plus sombres de notre histoire sont venues souiller notre mémoire collective », a-t-il ajouté. De son côté, le président du Sénat, Gérard Larcher, a appelé dans un tweet à « ne plus reculer, ne plus céder », à quelques heures d’une mobilisation en France.

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L’indignation est particulièrement vive parmi les élus de la région. « Notre union sera toujours plus forte que leur haine », a écrit la sénatrice du Bas-Rhin (Agir) Fabienne Keller, ancienne maire de Strasbourg. Député LRM et ancien maire de Quatzenheim, Sylvain Waserman a exprimé sur BFMTV sa « colère » et sa « tristesse », d’autant que les relations entre les communautés ont « été remarquables » et « toujours harmonieuses » dans ce village.

« Je ne sais pas combien de temps on va tenir »

La dernière profanation d’un cimetière juif en Alsace avait été découverte le jour même de l’attentat djihadiste contre le marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre, à Herrlisheim, commune de 5 000 habitants située au nord-est de Strasbourg. Trente-sept stèles, ainsi que le monument des martyrs de la Shoah, avaient été recouvertes de graffitis antisémites.

« Ça ne s’arrête plus, c’est secousse après secousse. Je ne sais combien de temps on va tenir (…) J’ai envie de vomir », a déclaré à l’AFP Maurice Dahan, président du Consistoire israélite du Bas-Rhin. Une crainte entendue par le ministre israélien de l’immigration, Yoav Gallant, qui a appelé mardi sur Twitter les juifs à émigrer pour l’Etat hébreu :

« Je condamne vigoureusement l’antisémitisme en France et en appelle aux juifs : rentrez à la maison, immigrez en Israël. »

Alors que les actes antisémites connaissent une forte hausse, des rassemblements doivent se tenir partout en France mardi soir, notamment place de la République, à Paris. Le Premier ministre, Édouard Philippe, et plus de la moitié du gouvernement, ainsi que de nombreux représentants de la classe politique, participeront aux rassemblements, à Paris ou en province. Richard Ferrand a rappelé dans la journée que les travaux de l’Assemblée nationale seraient « exceptionnellement » suspendus à 18 h 30 pour permettre aux députés de participer au rassemblement contre l’antisémitisme, sous les applaudissements debout des députés et du gouvernement.

Le Monde avec AFP

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