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A la prison de Rikers Island à New York, une violence hors de contrôle

Coupée du monde, l’île-prison de New York, la deuxième des Etats-Unis, accueille plus de 7 000 détenus. Le maire Bill de Blasio s’est résolu à la fermer.

Par  (New York, correspondant)

Publié le 19 mars 2018 à 06h37, modifié le 19 mars 2018 à 07h45

Temps de Lecture 9 min.

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Deux détenus sont escortés à la prison de Rikers Island, en octobre  2017.

Il est 18 h 27, samedi 10 février, à la prison de Rikers Island, à New York, quand six détenus du gang des Bloods se ruent sur Jean Souffrant et le tabassent. Le gardien avait eu le tort d’infliger une punition à l’un des leurs en attente de procès pour tentative de meurtre. L’agression, enregistrée par les caméras de surveillance, donne une idée de ce qui se passe sur l’île de Rikers. Car on ne pénètre pas à Rikers.

L’île-prison de 1,6 km2 est coupée du monde, reliée par un pont au quartier du Queens. Tout juste aperçoit-on les barbelés qui l’entourent lorsqu’on atterrit à l’aéroport La Guardia. En France, on sait d’elle qu’elle fut le lieu où Dominique Strauss-Kahn fut incarcéré après l’agression, au Sofitel de New York, de la femme de chambre Nafissatou Diallo, en 2011, et qu’elle est le théâtre de la série The Night Of, qui raconte l’incarcération d’un jeune Pakistanais accusé à tort de meurtre.

« Il n’y a pas seulement des problèmes à Rikers. Rikers est le problème : loin des yeux, loin des esprits »

Exagérée, l’image que donne le cinéma de cet Alcatraz new-yorkais, inauguré en 1935 ? Michael Jacobson, qui dirigea le système carcéral new-yorkais à la fin des années 1990, juge que la série télé « surdramatise », mais il ne veut pas défendre la prison, « car c’est un lieu mauvais, terrible ». Irrécupérable, en fait. « Il n’y a pas seulement des problèmes à Rikers. Rikers est le problème : loin des yeux, loin des esprits », explique-t-il.

« Proies et prédateurs »

Michael Jacobson a participé à une commission qui a préconisé, au printemps 2017, la fermeture de la deuxième prison américaine, qui accueille 7 250 des 9 000 prisonniers de la ville de New York (55 % de Noirs, 34 % de Latinos). Le maire démocrate de la ville, Bill de Blasio, a fait la moue face à ce projet coûteux et complexe, qui prendra près de dix ans, mais a fini par s’y rallier.

« Vous ne pouvez pas réparer le système d’incarcération massive. Il faut en finir avec ce concept »

L’agression du 10 février et la publication, quatre jours plus tard, d’un rapport accablant, n’ont fait qu’augmenter la pression : la violence à Rikers est hors de contrôle, en hausse de 60 % en 2017. Les gardiens subissent quatre agressions par jour, les attaques des gangs ont triplé, 123 détenus ont dû être envoyés à l’hôpital, contre 5 en 2016. En raison de sa dangerosité, Rikers n’a plus le droit d’accepter des détenus extérieurs à la ville. Conclusion : il faut fermer, et vite. « Vous ne pouvez pas réparer le système d’incarcération massive. Il faut en finir avec ce concept », confie Jonathan Lippman, ancien juge en chef de l’Etat de New York et président de la commission Rikers.

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