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Manifestations contre les violences sexistes et sexuelles : « On veut du respect, on n’est pas des objets »

Entre environ 20 000 et 80 000 personnes, selon les sources, ont défilé dans une cinquantaine de villes en France. Le gouvernement lancera mardi une plateforme de signalement en ligne.

Par  (avec Solène Cordier)

Publié le 24 novembre 2018 à 10h24, modifié le 25 novembre 2018 à 10h05

Temps de Lecture 4 min.

Manifestation contre les violences sexistes et sexuelles, place de l’Opéra, à Paris, le 24 novembre.

« Pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles » : plusieurs milliers de manifestantes et manifestants ont défilé partout en France, samedi 24 novembre, à l’appel d’un collectif citoyen, #NousToutes. Ils réclamaient la fin de « l’impunité des agresseurs », ainsi que « des mesures ambitieuses et des moyens financiers suffisants pour que l’action publique mette la lutte contre les violences en top des priorités ».

Des défilés ont eu lieu dans une cinquantaine de villes, parés de violet, couleur choisie par le mouvement. « C’est la plus grosse mobilisation contre les violences sexuelles et sexistes qu’on ait connu en France », s’est félicité à Paris la militante féministe Caroline De Haas. Selon les associations organisatrices, les défilés ont rassemblé près de 30 000 personnes à Paris - contre 12 000 selon la préfecture de police -, et 80 000 sur l’ensemble du territoire. Les autorités ont annoncé 2 400 manifestants à Lyon, 1 500 à Marseille ou encore 950 à Rennes.

Une plateforme de signalement

En fin de journée, le président de la République, Emmanuel Macron, s’est réjoui sur son compte Twitter que « la lutte contre les violences faites aux femmes progresse chaque jour ». « Mais notre société part de loin : chacun doit agir et lutter car c’est l’affaire de tous », a-t-il poursuivi. De son côté, la secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a « salué » cette « grande manifestation (…) qui doit être vue et entendue ».

Une plateforme de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles sera lancée mardi par le gouvernement, a annoncé en parallèle dimanche le premier ministre Edouard Philippe dans une tribune publiée sur le réseau social Facebook. Initialement attendue pour octobre, cette plateforme sera « opérationnelle 24H/24 via le site service-public.fr ». « Elle permettra aux victimes ou aux témoins d’échanger avec un policier ou un gendarme spécialement formé pour les aider dans leurs démarches », a ajouté Edouard Philippe.

« C’est important d’être visible »

« On veut du respect, on n’est pas des objets », pouvait-on ainsi lire samedi sur une des pancartes du cortège de tête de la manifestation à Paris. En milieu d’après-midi, le défilé est arrivé place de la République, après s’être élancé deux heures plus tôt de la place de l’Opéra. Les manifestantes (une majorité sont des femmes) ont clamé dans une ambiance joyeuse différents slogans « anti-patriarcat ». « Nous sommes des putains de féministes » martelaient-elles, après avoir chanté des slogans de soutien aux « femmes racisées » et aux « trans ».

D’autres mots d’ordre ont été entonnés, contre les violences policières et le système capitaliste. Une critique qui va de soi pour Elisabeth, 69 ans, qui se définit comme « féministe, syndicaliste et libertaire ». « C’est important d’être là un an après #MeToo, pour dire qu’on n’accepte plus les violences », explique-t-elle. Marie, 36 ans, est venue avec son fils dans sa poussette. « J’ai été victime de violences sexistes et sexuelles, j’ai mis vingt ans à le comprendre, explique la jeune femme. C’est important d’être visible pour que les choses changent, et pas seulement en théorie. » « C’est formidable, ça prouve que les gens se sentent concernés, j’espère que ça va faire bouger les choses », a commenté Damien, la trentaine, venu avec sa petite amie pour « témoigner de sa solidarité » avec les femmes.

Du témoignage à l’action

La manifestation contre les violences sexistes et sexuelles à Paris a rassemblé entre 12 000 personnes, selon la préfecture, et 30 000, selon les organisateurs.

Ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, les féministes – femmes et hommes – ont multiplié les messages à l’attention des « gilets jaunes », mobilisés également ce samedi, les exhortant à ne pas éclipser leurs marches.

Né en septembre et appuyé par plusieurs associations, le mouvement #NousToutes souhaitait « passer du témoignage à l’action », un an après #MeToo, qui a fait bondir de 23 % le nombre de cas de violences sexuelles signalées à la police, et six semaines après la mobilisation d’un millier de femmes à Paris autour de Muriel Robin. La comédienne était d’ailleurs de nouveau dans la rue samedi, aux côtés d’autres actrices comme Eva Darlan et Vanessa Demouy ou de la responsable CGT Sophie Binet.

Plus de 200 personnalités appellent à manifester contre les violences faites aux femmes le 24 novembre

« Nous ne voulons plus de ces violences. » Dans une tribune, publiée lundi 19 novembre, par Mediapart et France Inter, 250 personnalités appellent à participer aux marches contre les violences sexistes et sexuelles qui sont organisées samedi dans une cinquantaine de villes en France, à l’initiative du collectif #NousToutes qui a lancé le mot-dièse #JeMarcheLe24.

Parmi les signataires : les écrivaines Marie Darrieussecq et Annie Ernaux, les comédiens et comédiennes Isabelle Carré, Karin Viard, Philippe Torreton, les chanteurs et chanteuses Catherine Ringer, Jeanne Cherhal et Arthur H ou encore la journaliste Rokhaya Diallo et l’humoriste Guillaume Meurisse. « Les violences sexistes et sexuelles empêchent plus de la moitié de l’humanité, les femmes et les filles, d’exercer leurs droits fondamentaux. Elles bouleversent leur vie entière », écrivent-ils.

Réclamant des « politiques publiques ambitieuses de prévention qui pourraient changer les comportements », les signataires demandent qu’un effort soit fait pour une « éducation obligatoire dès le plus jeune âge à la non-violence et à l’égalité filles-garçons », « une formation systématique des professionnel·le·s qui accueillent les victimes » ou « l’augmentation significative des moyens alloués aux associations ». Ces manifestations sont organisées à la veille de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes.

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« Sans argent, les politiques publiques ne suivront pas »

En France, en 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours. Chaque année, près de 220 000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-compagnon, selon des chiffres officiels datant de 2017. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail.

Il y a un an, le président Emmanuel Macron avait décrété l’égalité femmes-hommes « grande cause du quinquennat », lors d’un discours à l’Elysée. Mais « s’il n’y a pas d’argent, les politiques publiques ne suivront pas, a prévenu Caroline De Haas. En Espagne, ils ont sorti un milliard d’euros supplémentaire en cinq ans pour en finir avec les violences. En France, il faudrait 2 milliards ».

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Les fonds consacrés à l’aide aux femmes victimes de violences conjugales devraient être portés à au moins 506 millions d’euros par an, contre 79 millions d’euros aujourd’hui, ont plaidé, le 22 novembre, cinq organisations, dont la Fondation des femmes, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes et le Conseil économique, social et environnemental.

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