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Le républicanisme à frais nouveau

Les 24 et 25  novembre, le colloque Modernités républicaines s’est tenu à Paris. Compte-rendu.

Par  (Collaboratrice du « Monde des livres »)

Publié le 01 décembre 2016 à 09h33, modifié le 01 décembre 2016 à 09h48

Temps de Lecture 3 min.

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« De la conception néorépublicaine de la liberté découle tout un programme de justice sociale, en contradiction avec l’idéal néolibéral de l’économie de marché »

A droite comme à gauche, le mot de « république » est sur toutes les lèvres, dans tous les programmes politiques, et donne même désormais son nom à un parti. Mais la convocation à tout propos du lexique républicain a contribué à obscurcir sa signification même. C’est en partie en réponse à ce constat qu’a été créé le Centre européen des études républicaines (Cedre), qui a pour objectif d’inscrire la réflexion sur le républicanisme dans le temps long de la recherche.

Pour son ­premier colloque, Modernités républicaines, qui s’est tenu les 24 et 25 novembre à l’Ecole normale supérieure, à Paris, et qui a été ouvert par Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, près de trente communications de philosophes, historiens, politistes et sociologues ont été présentées, chacune résultant d’un long travail universitaire, souvent doublé d’un effort pour rendre le contenu accessible au public non spécialisé.

Face au risque de dispersion sémantique, deux approches complémentaires se sont croisées lors de ces deux journées. Celle de Thomas Maissen, Samuel Hayat, Stéphanie Roza, Catherine Secretan et d’autres a consisté à revenir à la singularité historique, culturelle et nationale de chaque expérience républicaine : l’épopée française de Robespierre à Adolphe Thiers, la révolution anglaise, les exemples suisse, hollandais, florentin ou hispanique.

L’autre approche vise à dégager et affiner les principes directeurs du républicanisme aujourd’hui. C’était le cas des interventions du philosophe irlandais Philip Pettit et de l’historien britannique Quentin Skinner, qui font partie des principaux représentants du courant appelé « néorépublicanisme ».

La liberté comme absence de domination

Au cœur de cette théorie intellectuelle et politique se trouve l’idée de liberté, définie non pas à la manière néolibérale comme simple absence de contrainte ou d’interférence, mais comme absence de domination. Une telle définition permet ainsi de rendre compte des « exercices ­silencieux du pouvoir », lorsque la jouissance de libertés d’un individu dépend entièrement du bon vouloir d’un autre (l’employeur, par exemple) : sans même que le dominant ait besoin d’exercer son pouvoir de contrainte, le dominé adoptera automatiquement des mécanismes d’autocensure.

De la conception néorépublicaine de la liberté découle tout un programme de justice sociale, en contradiction avec l’idéal néolibéral de l’économie de marché : il est du ressort de l’Etat et de ses lois de protéger l’exercice de libertés particulières en offrant aux citoyens une sécurité suffisante en matière d’éducation, de justice, de travail, ce qui supposera souvent une interférence étatique. Pour être compatible avec la non-domination, celle-ci doit être démocratique, d’abord grâce au principe d’élection, mais surtout par l’existence de pouvoirs de contestation exercés par des cours pénales, médias, ONG et mouvements civils indépendants.

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