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En Syrie, la mort en prison d’un passionné du logiciel libre

L’informaticien Bassel Khartabil Safadi, emprisonné depuis 2012, avait été l’une des premières victimes de la répression des activistes en ligne par les services de sécurité syriens.

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Publié le 04 août 2017 à 01h26, modifié le 04 août 2017 à 14h51

Temps de Lecture 2 min.

L’informaticien Bassel Khartabil Safadi, photographié à Séoul en 2010.

Noura Safadi a annoncé, mardi 1er août, la mort de son mari, le développeur informatique syrien Bassel Khartabil Safadi, disparu dans une prison de Damas en octobre 2015. Elle n’a pas précisé, dans son message publié sur Facebook, de quelle manière les autorités syriennes avaient fini par l’informer de sa mort, alors que ses proches demeuraient sans nouvelles de M. Khartabil depuis près de deux ans.

Pour une partie de la rébellion syrienne, le couple avait quelque chose d’iconique : ils s’étaient mariés durant la première année de détention de Bassel Khartabil dans la prison d’Adra, en 2012. L’avocat et activiste Mazen Darwish, qui était alors lui aussi emprisonné à Adra, avait été leur témoin. Cependant, Bassel Khartabil, mort à 36 ans, n’était pas un militant politique au sens strict.

Ce passionné de technologie était à son aise derrière un écran, à écrire du code informatique, en lien avec une communauté particulière : celle de « l’Internet libre », qui rassemble des défenseurs de la gratuité en ligne, des militants de la libre circulation de l’information, des idées et de la technologie. Ce tout petit monde à l’époque, en Syrie et au Moyen-Orient, butte aisément sur la censure d’Etat. Bassel s’y distingue par son énergie, sa volonté d’entreprendre.

Création d’un « hacker space » à Damas

Il avait rejoint dès la fin des années 2000 le mouvement Creative Commons, qui adapte des modèles de licence, y compris libres de droits, aux droits de la propriété intellectuelle nationaux. Il collabore à Wikipédia et au navigateur Firefox, parmi des milliers de volontaires, et noue des liens avec des développeurs étrangers lors de conférences au Liban et en Pologne. A Damas, en 2009, il crée un « hacker space », un espace d’animation social consacré à l’informatique et au logiciel libre.

« Les gens en lançaient à l’époque un peu partout dans le monde, se rappelle le développeur américain Jon Phillips, qui l’a aidé dans son projet. Nous n’en revenions pas d’avoir réussi à faire venir à la soirée de lancement à Damas Mitchell Baker, l’ancienne patronne de Mozilla [le fabriquant de Firefox], et “Joi” Ito, le futur directeur du Media Lab du MIT [Massachusetts Institute of Technology, aux Etats-Unis]. » Après l’arrestation de Bassel Khartabil, son ami lancera une campagne pour le faire libérer, qui aura un large écho dans les milieux « tech » internationaux.

Bassel Khartabil, fils d’un intellectuel palestinien et d’une Syrienne, diplômé en informatique de l’université de Riga, en Lettonie, était devenu en 2011 une cible pour les services de sécurité en raison de son savoir-faire et de ses connexions à l’étranger.

Emprisonné pour ses compétences

« Bassel a été l’un des premiers d’entre eux que nous avons vu désigner comme un danger par un Etat pour ses compétences, dit Danny O’Brien, directeur international de l’Electronic Frontier Foundation (EFF), une organisation de défense des libertés en ligne. Il s’exprimait en ligne, il ne se cachait pas, mais il n’était pas une voix politique forte. Il était en revanche un contact fiable qui nous aidait à vérifier si les autorités avaient bloqué tel ou tel site. » Bassel Khartabil avait été arrêté dans le quartier de Mezze, à Damas, en mars 2012.

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