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Les socialistes frondeurs partent en ordre dispersé à la primaire de la gauche

Alors que s’ouvre, jeudi 1er décembre, la période de dépôt des candidatures, qui se terminera le 15 décembre, ils n’ont pas réussi à s’entendre pour soutenir le même candidat.

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Publié le 01 décembre 2016 à 03h47, modifié le 01 décembre 2016 à 17h16

Temps de Lecture 3 min.

Arnaud Montebourg, Gérard Filoche, Marie-Noëlle Lienemann, Christian Paul (le seul sur la photo à ne pas être candidat à la primaire à gauche) et Benoît Hamon, lors des journées d’été des frondeurs, à La Rochelle, le 11 septembre.

Tout ça pour ça ? Durant le quinquennat, les députés socialistes dits frondeurs ont agité le Landerneau politique, appelant à la mobilisation contre le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), adopté sans prévenir par le gouvernement en 2012, ou, en début d’année, contre la loi El Khomri qui, selon eux, mettait à bas des années de conquêtes sociales. En mai puis en juillet, cette cinquantaine de parlementaires situés à l’aile gauche du Parti socialiste a même tenté de déposer une motion de censure contre le gouvernement. Sans succès : les deux fois, ils n’ont pas réussi à rassembler les 58 députés nécessaires.

S’ils ont présenté un front à peu près solidaire durant cinq ans contre la politique « sociale-libérale » menée par François Hollande, les frondeurs partent aujourd’hui en ordre dispersé dans la campagne pour la présidentielle de 2017. Alors que s’ouvre, jeudi 1er décembre, la période de dépôt des candidatures à la primaire à gauche, qui se terminera le 15 décembre, ils n’ont pas réussi à s’entendre pour soutenir le même candidat : selon les décomptes, ils sont à peu près autant à s’être ralliés à Benoît Hamon qu’à Arnaud Montebourg, tous deux en lice pour représenter le PS en 2017, tandis que la sénatrice de Paris, Marie-Noëlle Lienemann, elle-même frondeuse, a fait acte de candidature de son côté.

Mercredi 30 novembre, l’ancien ministre de l’économie a ainsi reçu l’appui du chef de file des frondeurs, Christian Paul. « L’inventaire lucide du quinquennat ne permet pas la réunion des gauches et des écologistes autour du président de la République, a justifié le député de la Nièvre dans un communiqué. C’est pourquoi nous devons donner de la force collective à un candidat qui sache rassembler, par son projet, sans abandonner nos idéaux humanistes, ni céder à la démagogie. »

Une alliance de circonstance

Ce soutien, qui était attendu, n’impressionne pas le camp Hamon, où l’on met en avant ses propres ralliements. Le 18 novembre, l’ex-ministre de l’économie sociale et solidaire puis de l’éducation nationale avait dévoilé une liste de dix-neuf parlementaires décidés à le soutenir à la primaire, parmi lesquels les députés Pascal Cherki (Paris), Régis Juanico (Loire) ou Mathieu Hanotin (Seine-Saint-Denis).

« La majorité des élus de la motion B sont derrière nous », avait alors assuré l’entourage de M. Hamon, en référence au congrès de Poitiers, où les socialistes s’étaient affrontés en juin 2015 pour déterminer la ligne du PS après le revers des élections départementales. La motion A défendue par Jean-Christophe Cambadélis, l’actuel premier secrétaire, avait recueilli 60 % des suffrages des militants, contre 28,5 % pour la motion B de Christian Paul et 9,5 % pour la motion C de La Fabrique, un courant à mi-chemin entre le gouvernement et les frondeurs, incarné par Karine Berger, députée des Hautes-Alpes.

A écouter les « solférinologues », que les frondeurs s’égaillent à la vue de la primaire comme des étourneaux à celle d’un champ d’automne fraîchement labouré n’a rien de surprenant. « Ils se sont constitués en opposition à la dérive libérale du gouvernement, c’est une alliance de circonstance. Il n’est pas anormal qu’ils ne suivent pas le même candidat », explique un bon connaisseur des arcanes socialistes. De plus, il ne peut exister de discipline de vote et de soutien parmi eux puisqu’ils ne sont pas constitués en groupe en tant que tel.

« Stratégie du râteau »

Néanmoins, certains parmi ces frondeurs s’inquiètent de la lutte entamée entre MM. Hamon et Montebourg et des excès que celle-ci pourrait entraîner d’ici au 29 janvier 2017, date du second tour de la primaire. « Nous pouvons avoir des divergences, mais elles sont secondaires par rapport à l’opposition à la politique menée par François Hollande et Manuel Valls, met en garde Laurent Baumel, député d’Indre-et-Loire et partisan déclaré de l’ancien ministre de l’économie. L’important, c’est d’être rassemblés pour le second tour, il ne faut pas l’oublier. »

« Notre stratégie pour la primaire doit être celle du râteau : tout faire pour que le candidat de la gauche du PS qui arrivera en tête au premier tour fasse le plein de voix au second, abonde Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, elle-même sur la ligne de départ. Il faut donc préparer les ralliements dès maintenant. Depuis l’été, je le dis à Hamon et à Montebourg : convergeons, convergeons, convergeons ! » Pas sûr que les impétrants y prêtent l’oreille, en tout cas pas tout de suite.

Afflux de candidats à la primaire à gauche

La ligne de départ s’encombre un peu plus. Alors que six candidats – les socialistes Marie-Noëlle Lienemann, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Gérard Filoche, ainsi que François de Rugy (Parti écologiste) et Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate) – ont déjà déclaré leur intention de concourir à la primaire à gauche, l’économiste Pierre Larrouturou, fondateur du parti Nouvelle Donne, ­devait annoncer, jeudi 1er  décembre, son intention de participer lui aussi au scrutin prévu les 22 et 29 janvier  2017.

« Nouvelle Donne a rassemblé 550 000 voix aux dernières élections européennes [en mai 2014]. Si ces 550 000 se mobilisent, nous pouvons faire un beau score », veut croire l’ancien conseiller ­régional d’Ile-de-France. Celui-ci compte s’appuyer notamment sur la société civile pour se distinguer de ses concurrents, avec le lancement d’un nouveau collectif baptisé « 2017, reprenons la main ».

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