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Les MOOCs font pschitt

Présentés il y a cinq ans par les universités américaines comme une révolution pédagogique, ces cours en ligne ont-ils tenu leurs promesses ?

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Publié le 22 octobre 2017 à 09h00, modifié le 25 avril 2018 à 18h34

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« J’ai l’impression qu’il existe deux pilules : une rouge et une bleue. Si vous prenez la bleue, vous pouvez paisiblement retourner dans votre salle de classe et enseigner à vos vingt étudiants. Moi j’ai pris la rouge et j’ai vu Wonderland. » Impossible pour Sebastian Thrun, éminent professeur d’intelligence artificielle, de retourner enseigner à l’université Stanford (Californie) comme si de rien n’était. L’auteur de cette ­déclaration venait en effet de diffuser, à l’automne 2011, son premier cours en ligne : 160 000 personnes issues de 190 pays s’y étaient inscrites, faisant exploser l’échelle et diversifiant brutalement les profils des étudiants de sa classe. Pis, sur les 200 étudiants qui suivaient le cours sur le campus, seule une trentaine d’entre eux continua à se déplacer après plusieurs semaines de diffusion des ­vidéos. Quelques mois plus tard, Sebastian Thrun, déjà concepteur de la voiture sans ­conducteur de Google, annonçait sa décision de se retirer de l’université pour lancer une plate-forme de MOOC (massive open online courses, ou enseignement de masse disponible en ­ligne), Udacity, et, comme le héros de Matrix auquel il semblait s’identifier en ­prenant la ­pilule rouge, faire le pari de « la ­connaissance et de la vérité ».

L’emballement médiatique autour des MOOC était lancé et l’heure des « gourous » était venue. Au sein de la même célèbre université, Daphne Koller et Andrew Ng lançaient à leur tour leur plate-forme de cours en ligne, Coursera. Au même moment, sur la côte Est, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’université Harvard répliquaient en lançant leur propre plate-forme, conscients du coup à jouer en vertu de la loi du « winner ­takes all » (le gagnant rafle tout). Dans une de ces conférences qu’affectionnent particuliè­rement les amateurs d’histoires à succès, ­Daphne Koller faisait la promesse que, grâce aux cours en ligne, plus aucun étudiant (pauvre et éloigné des Etats-Unis) ne serait exclu des meilleures universités. Pour convaincre, l’enseignante montrait des images d’une file d’attente d’étudiants venus s’inscrire dans une université en Afrique du Sud et pris tout à coup dans un mouvement de foule. Plusieurs blessés et un mort. Effet spectaculaire garanti.

Deux camps

Toute cette agitation et ces déclarations fracassantes eurent un effet retentissant de l’autre côté de l’Atlantique. L’Europe, entre fascination et inquiétude, s’intéressa aussitôt au phénomène. « Tout à coup, tout a bougé très vite. Notre président a décidé de se rendre aux Etats-Unis pour comprendre ce qui se passait dans ces universités d’élite. Et nous nous sommes lancés dans la conception de MOOC à ­notre tour », se remémore Pierre Dillenbourg, professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), l’un des premiers établissements à créer des MOOC en Europe.

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